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L’écrivain et historien Laurent Bourdelas évoque au travers de son nouvel ouvrage, « Ponticauds de Limoges – Des origines aux années 1970 », les bords de Vienne où naquit la cité romaine d’Augustoritum, le faubourg Saint-Martial au Moyen âge, les abords du pont Saint-Etienne, le Naveix et les Casseaux. Un ouvrage historique, richement illustré de photos souvent inédites.

Le mot de l’éditeur

Lui-même descendant d’une famille de « Ponticauds », Laurent Bourdelas présente cette population laborieuse au caractère bien trempé. Il explore les activités et l’évolution de ces lieux emblématiques de la ville de Limoges, de l’Antiquité à la révolution industrielle qui vit s’y installer la première grande manufacture de porcelaine. Ponctuant son étude d’extraits d’articles et d’ouvrages souvent oubliés, il fait revivre la grande épopée du flottage des bois, de la pêche, raconte la construction des nouveaux ponts, invite à traverser la rivière jusqu’au Clos Sainte-Marie.

Nourri des plus récentes recherches en histoire, ce livre est accompagné d’une riche iconographie, souvent inédite, issue des collections personnelles de l’auteur, des collections municipales et de la riche photothèque de Paul Colmar.

« Bords de Vienne et Ponticauds de Limoges » de Laurent Bourdelas. La Geste Editions, collection Beau Petit Pays. Novembre 2023.
Livre Broché. Format : 15.5 x 22 cm. 296 pages. ISBN : 979-10-353-2234-2. Prix 25 €.

 

L’auteur

Né en 1962 à Limoges, Laurent Bourdelas a étudié au Centre de recherches historiques et archéologiques médiévales de Limoges ; également diplômé en tourisme, il s’est spécialisé dans l’histoire culturelle et littéraire. Il est professeur d’histoire et géographie à Limoges, vice-président de l’association des Anciens du Lycée Gay-Lussac. Il vit dans la campagne limousine.

Cofondateur de revues littéraires (Friches, L’Indicible frontière, et plus récemment Vorace), poète, écrivain, historien et photographe, il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages, parmi lesquels : Histoire des bouchers du château de Limoges (qui a donné lieu à une conférence au lycée), Guide secret de Limoges et très récemment Zamora enquête sur un écrivain disparu, et l’incontournable Dictionnaire du Limousin, réédition revue et corrigée.

Il est également homme de radio depuis une trentaine d’années, et anime différentes chroniques notamment à l’antenne de RCF Limoges.

1907, deuxième édition de la fâte des Ponts, avec la foule réunie au pied du pont Saint-Etienne. Photothèque Paul Colmar.

 

 

Le livre « Savoureux Périgord » est un ouvrage incontournable pour tous les amoureux de la gastronomie et du Périgord. Philippe Grandcoing, Hélène Lafaye-Fouhéty et Jean-Marc Ferrer nous offrent ici un véritable voyage au cœur de la cuisine périgourdine, à travers des recettes traditionnelles, des anecdotes historiques et des photographies de grande qualité. Ce beau livre a été récompensé d’une mention spéciale du jury du Prix La Mazille 2023 au Festival du livre gourmand de Périgueux.

 

Le mot de l’éditeur

Unanimement identifié comme un terroir du bien-manger, le Périgord a vu cette réputation se construire au fil des siècles. Dans cet ouvrage richement illustré, les auteurs, une géographe et deux historiens, offrent une vision renouvelée et foisonnante de la cuisine périgourdine.

Loin de la compilation de recettes plus ou moins traditionnelles, les auteurs montrent que le Périgord culinaire est aussi bien élaboré dans les auberges que dans les fermes et les châteaux grâce à la diversité des saveurs des produits de ses terroirs. Des mets emplis de ses truffes, célébrées depuis le XVIIe siècle, au sublime lièvre à la royale – dans une adaptation toute périgourdine au foie gras –, des généreux confits aux charcuteries de cochon en passant par les champignons, l’image du Périgord, terre de gastronomie, s’est forgée au fil d’une histoire multiple, tant sur les tables locales qu’à Paris et dans le monde entier.

Cette aventure faite de plats et de saveurs est aussi une histoire d’hommes et de femmes, où anonymes et gloires de la gastronomie se côtoient. Malgré le risque d’uniformisation culinaire provoquée par un tourisme de masse, la gastronomie périgourdine se revendique provinciale, authentique, généreuse et conviviale. Dans la lignée de Sublime Périgord, les auteurs nous invitent ainsi à explorer la fabrique d’un territoire gastronomique d’exception.

« Savoureux Périgord » de Philippe Grandcoing, Hélène Lafaye-Fouhéty et Jean-Marc Ferrer. Les Ardents Editeurs. Parution : octobre 2023.
Format: 19,5 x 28 cm. 240 pages. ISBN: 978-2-490623-30-3. Prix conseillé : 32 €

Les auteurs

Hélène Lafaye-Fouhéty et Philippe Grandcoing ont en commun des origines périgourdines. Curieux du monde passé et présent qui les entoure, ils en ont fait à la fois métier et objet d’étude.

Géographe, Hélène Lafaye-Fouhéty a mené de nombreuses recherches sur les Britanniques en Périgord et sur le renouveau des campagnes françaises. Aujourd’hui, elle s’intéresse également à la géographie culturelle ainsi qu’à la géopolitique.

Historien, spécialiste du XIXe siècle, Philippe Grandcoing s’est longuement intéressé aux sociétés rurales. Ses travaux actuels portent essentiellement sur l’histoire du patrimoine. Enseignant tous les deux en classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Gay-Lussac à Limoges, ils ont mis en commun leurs connaissances, leurs méthodes et leurs analyses pour offrir au public ce regard croisé sur les réalités d’un territoire dont le nom est une invitation au voyage : le Périgord.

Jean-Marc Ferrer est historien des arts décoratifs limousins des XIXe et XXe siècles, auteur d’ouvrages et d’articles de références, il est également commissaire et scénographe d’expositions consacrées aux personnalités et mouvements artistiques qui participent nationalement et internationalement de la modernité de sa région.

Découvrez également l’ouvrage : Sublime Périgord

Notre camarade Pierre Bergounioux remonte le temps avec « Le Bois du Chapitre »… Le monument de la Grande Guerre à Brive, et les livres conduiront l’enfant puis, plus tard, l’auteur, à se représenter ce qui s’est produit : un épisode du massacre à Verdun devant lequel « on ne peut que se taire et se retirer »..

Le mot de l’éditeur

Le titre, amphibologique, dit tout. Précisons cependant que la scène a lieu, d’abord, dans les années soixante, à Brive-la-Gaillarde, devant le monument aux morts élevé, place Thiers, à la mémoire des soldats tombés pour la Patrie durant la Première Guerre mondiale. C’est là que se tiennent les cérémonies auxquelles l’enfant assiste, sans réaliser « ce qu’ils furent », tandis que les héros, un à un, disparaissent. Le même, jeune lecteur, ouvre pourtant à la bibliothèque municipale de l’endroit les livres sur l’époque afin d’en apprendre davantage sur les circonstances et les modalités du désastre, de trouver des explications sur ce qui a eu lieu, la présence des estropiés dont le nombre impressionne, la vue fait peur. Mais c’est l’incompréhension qui s’impose. Manquent aux livres noyés de gris « le relief, les détails, les finesses ». Et puis l’enfant, tout au présent, est trop jeune quand s’interpose aussi, pour que la réalité se dresse enfin devant soi, l’échelle réduite des reproductions qui est censée la représenter mais, en partie, la trahit.

Puis la scène se déplace, des années plus tard, à Verdun, toponyme qui, à sa façon lui aussi jusqu’à aujourd’hui, dit tout, des autres lieux qu’à soi seul il condense, de l’épouvante et du sacrifice des jeunes soldats ; Verdun où l’auteur s’est un jour rendu, comme pour constater, vérifier, in situ, pour établir enfin le rapport. Quand un temps persistent encore une approximative représentation du théâtre des opérations, la confusion, l’indistinction de l’enfance, soudain la géographie réelle dissipe tout des premières impressions, des lectures. Si bien qu’on n’en revient pas. « Quelques centaines de mètres carrés ont reçu des millions d’obus ». Et, si l’horreur est encore tapie sous l’apparence des choses, c’est pourtant « l’absence pure et simple qui témoigne du passé, de sa persistante présence ». La nature, le silence semblent avoir jeté sur les lieux un voile d’oubli. Quand, à la toute fin, « un large morceau de drap noirci » bosselle la terre, l’auteur comprend qu’il est de trop, qu’il est temps de clore son métonymique Bois du Chapitre.

« Une dernière chose. Quand le monde, avec nous, commence, qu’on est momentanément, miséricordieusement, sans passé ni avenir, qu’on vit au présent, comment imaginer que tout n’a pas toujours été dans l’état où nous le trouvons, merveilleux, déchirant, nécessaire, injuste, parfait. Et lorsque l’heure a fini par venir où j’aurais pu lever la tête, demander à grand-père, à l’oncle, ou même, avec respect, infini ménagement, aux pauvres monstres, aux gueules cassées, aux ægipans, ils avaient disparu de la lumière tiède, changeante, où nous passons. » Pierre Bergounioux

« Le Bois du Chapitre : Verdun 14-18 » de Pierre Bergounioux. Paru aux éditions Fario, collection Theodore Balmoral – Février 2023. Format : 11,5 x 18,5cm, 32 pages – ISBN : 1091902925 – Prix : 11 €

L’auteur

Pierre Bergounioux est originaire de Brive. Ecrivain français de renom, ancien du Lycée Gay-Lussac de Limoges, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes, à l’occasion critique littéraire, il est aussi sculpteur, professeur de lettres et militant de gauche.

Après avoir passé l’essentiel de sa carrière en collège, Pierre Bergounioux dispense depuis 2007 des cours sur l’histoire de la création littéraire aux Beaux-Arts de Paris.

Notons l’édition des Cahiers de Lherne qui lui est dédié.

Les Anciens de Gay-Lu avaient eu l’occasion d’accueillir Pierre Bergounioux lors d’une des Rencontres de Gay-Lussac organisées par Laurent Bourdelas en 2017.

Notre camarade Pierre Bergounioux présente ici un texte haletant, reflet de la philosophie de la guerre et du temps, par le prisme de cet instrument stratégique que représentait le Boeing B-17 dans l’histoire.

Le mot de l’éditeur

Pour les Anciens, déjà, la guerre était mère de toutes choses. C’est pour exterminer qu’on innove, qu’on passe du silex au bronze puis au fer, de l’arc à l’arquebuse. Ça a pris des millénaires. Les forgerons oublièrent qu’ils avaient succédé aux tailleurs de pierre. L’espèce découvre tard qu’elle a une histoire et c’est tout récemment que ceux qui la font savent qu’ils l’accomplissent. Il a fallu, pour cela, que le devenir précipite son rythme, que des changements significatifs apparaissent dans l’étroite frange que forment, entre le peuple innombrable des morts et celui, futur, qui attend son heure, dans les limbes, les trois générations de vivants.

Pierre Bergounioux présente ce texte haletant, philosophie de la guerre et du temps, par ces quelques mots :

« Universellement connu sous l’appellation de Forteresse volante, le Boeing B-17 fut l’instrument principal des bombardements stratégiques qui ruinèrent l’Allemagne. Il emportait dix hommes sur des distances supérieures à trois mille kilomètres, dans l’hiver inexploré des hautes altitudes battues par le feu ennemi. Leur aventure collective n’a pas été contée. Ses possibles interprètes n’y ont pas survécu. A partir d’une image de B-17 en perdition, on a épilogué sur les chances du récit, la liaison toujours incertaine entre l’événement et sa relation. »

« B-17 g » de Pierre Bergounioux. Paru aux éditions Fata Morgana – Février 2023. Livre broché, Format : 14 x 22 cm, 64 pages – ISBN :
2377921256 – Prix : 14 €

L’auteur

Pierre Bergounioux est originaire de Brive. Ecrivain français, ancien du Lycée Gay-Lusasc de Limoges, et ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes, à l’occasion critique littéraire, il est aussi sculpteur, professeur de lettres et militant de gauche.

Après avoir passé l’essentiel de sa carrière en collège, Pierre Bergounioux dispense depuis 2007 des cours sur l’histoire de la création littéraire aux Beaux-Arts de Paris.

Les Anciens de Gay-Lu avaient eu l’occasion d’accueillir Pierre Bergounioux lors d’une des Rencontres de Gay-Lussac organisées par Laurent Bourdelas en 2017.

Notre camarade Laurent Bourdelas signe aujourd’hui un magistral ouvrage, Châteaux, manoirs et logis de la Haute-Vienne, accompagné du photographe Daniel Roblin. Un travail titanesque, illustré de photographies inédites, de l’époque médiévale au début du XXe siècle, accompagnés de notices architecturales, historiques et culturelles. Un beau livre qui trouvera sa place sous de nombreux sapins en cette période de fêtes de fin d’année.

« Châteaux, manoirs et logis » a été l’une des collections les plus prestigieuses durant près de trente ans en France, portée par les éditions Patrimoine et Médias. Suite à leur cessation d’activité en 2021, La Geste a accepté d‘assumer la légation de ces titres et de les développer sur de nouveaux territoires jamais traités. Laurent Bourdelas a brillamment relevé le défi pour la Haute-Vienne.

« Le livre est conçu comme une invitation à la promenade, à la découverte de la Haute-Vienne » Laurent Bourdelas

Le mot de l’éditeur

Illustré de photographies inédites, découvrez les châteaux du département de la Haute-Vienne, de l’époque médiévale au début du XXe siècle, accompagnés de notices architecturales, historiques et parfois culturelles.

Après les mottes castrales de la première partie du Moyen Âge, la construction de châteaux-forts et de logis seigneuriaux ont marqué de leur empreinte cette partie du territoire limousin aux multiples seigneuries passé sous l’autorité des Plantagenêts en 1152 par le mariage d’Aliénor d’Aquitaine et d’Henri II, futur roi d’Angleterre puis malmené durant la Guerre de Cent ans, avant que la vicomté de Limoges soit rattachée au domaine royal français en 1607. Joyaux du patrimoine, Châlucet, Montbrun, Rochechouart et d’autres sont des édifices qui illustrent cette riche histoire. Du XVIIIe au XXe siècles, des manoirs et logis d’agrément, témoins du désir de notabilité de certaines familles, ont également pris leur place dans le paysage haut-viennois. Ce livre s’efforce de ne pas les oublier.

Châteaux, manoirs et logis de la Haute-Vienne, de Laurent Bourdelas et Daniel Robin. Paru chez Geste Editions en novembre 2022.
266 pages. Edition : Reliée. Format : 24 x 30 cm. ISBN : 979-10-353-1663-1. Prix : € 39,90

 

L’auteur

Né en 1962 à Limoges, Laurent Bourdelas, ancien étudiant du Centre de recherches historiques et archéologiques médiévales de Limoges, également diplômé en tourisme, s’est spécialisé dans l’histoire culturelle et littéraire. Il est professeur d’histoire et géographie à Limoges, vice-président de l’association des Anciens Elèves du Lycée Gay-Lussac. Homme de radio depuis une trentaine d’années, il est aussi photographe et écrivain. Récemment, son ouvrage L’ivresse des rimes (Stock, 2012) a obtenu le Prix Jean Carmet, sa biographie d’Alan Stivell (Editions Le Télégramme, 2012) est devenue une référence et il a contribué au Dictionnaire historique de Paris (La Pochothèque). Il vit à Vicq-sur- Breuilh.

Pour cet ouvrage, il est accompagné de Daniel Roblin, photographe originaire de région parisienne, qui vit depuis de nombreuses années en Corrèze. Ses photographies sont ici le reflet de son attachement au territoire limousin.

L’historien Philippe Grandcoing s’associe à la géographe Hélène Lafaye-Fouhéty pour nous conter la transformation d’un pays pauvre en paradis touristique avec la publication de « Sublime Périgord ».  Tous deux ont des racines périgourdines et sont enseignants en classes préparatoires au lycée Gay-Lussac à Limoges. Ils relèvent ici le défi d’un portrait original du Périgord.

 

Le Mot de l’éditeur

Sublime PérigordPartir à la découverte d’une des destinations préférées des touristes français et étrangers tout en expliquant les origines et les étapes de son succès, telle est l’ambition de Sublime Périgord. Croisant le regard d’une géographe et d’un historien, ce livre invite à revivre par le texte et par l’image cette lente alchimie qui, depuis près de deux siècles, a fait découvrir et changer ce territoire. Hélène Lafaye-Fouhéty et Philippe Grandcoing suivent ainsi, du XIXe siècle à nos jours, la mutation du regard porté sur les paysages et monuments.

Ils revisitent aussi bien la littérature et le cinéma que la peinture ou la photographie, analysent ce que le Périgord doit à sa gastronomie, à ses sites préhistoriques, à ses vestiges antiques ou médiévaux, à ses villages et à ses saveurs. Se dessine aussi, de Montaigne à l’abbé Breuil en passant par les Britanniques et les chefs étoilés, l’importance de ses ambassadeurs, anonymes ou célèbres qui ont contribué à la fabrique de ce territoire d’exception. De Lascaux à Brantôme, de Sarlat à Monpazier, de la Double au Bergeracois, ils dressent une carte tout en nuances et en richesses où se découvre au coin d’une halle, au détour d’un sentier ou au débouché d’une ruelle, une région qui a su allier préservation du patrimoine et invention d’un art de vivre.

 

« Sublime Périgord : la fabrique d’un territoire d’exception » de Philippe Grandcoing et Hélène Lafaye-Fouhéty, paru chez Les Ardents Editeurs. Juillet 2021.
Beau Livre, Format 19,5x28cm.  240 pages. ISBN 978-2-490623-13-6. Prix public 29 €

 

Les auteurs

Hélène Lafaye-Fouhéty et Philippe Grandcoing ont en commun des origines périgourdines. Curieux du monde passé et présent qui les entoure, ils en ont fait à la fois métier et objet d’étude. Géographe, Hélène Lafaye-Fouhéty a mené de nombreuses recherches sur les Britanniques en Périgord et sur le renouveau des campagnes françaises. Aujourd’hui, elle s’intéresse également à la géographie culturelle ainsi qu’à la géopolitique. Historien, spécialiste du XIXe siècle, Philippe Grandcoing s’est longuement intéressé aux sociétés rurales. Ses travaux actuels portent essentiellement sur l’histoire du patrimoine. Enseignant tous les deux en classes préparatoires aux grandes écoles au lycée Gay-Lussac à Limoges, ils ont mis en commun leurs connaissances, leurs méthodes et leurs analyses pour offrir au public ce regard croisé sur les réalités d’un territoire dont le nom est une invitation au voyage : le Périgord.

Au travers de son « Guide secret de Limoges », notre camarade Laurent Bourdelas nous dévoile des pans cachés de l’histoire de notre chère ville de Limoges. Cet ancien de Gay-Lu, passionné d’histoire et amoureux de sa ville natale, aime à nous chuchoter quelques secrets à partir de certains lieux, choisis avec soin, comme autant de points de départ de promenades de découverte de Limoges. 

 

Le mot de l’éditeur

La légende de Lemovix, une épidémie vaincue par les ostensions, la cour du Temple, la rue Ferrerie, artère des boutiques historiques, autant de récits mystérieux permettant de redécouvrir Limoges… Limoges, une ville de mystères dévoilés par un spécialiste de l’histoire locale…

De la ville d’Auguste à l’apôtre providentiel (le forum, les thermes publics, le Limoges caché…), des fastes médiévaux au bel ancien régime (les ostensions, la peste à Limoges…), une ville de porcelaine et d’élégance (l’or blanc, l’incendie de 1864, le parc Victor Thuillat…), une ville de sociabilité (la franc maçonnerie, la ville rouge…), autant de thèmes qui donnent lieu à la révélation de secrets insoupçonnés…

L’interview de l’auteur

En complément du mot de l’éditeur, vous pouvez vous référer à l’article paru dans le Vivre à Limoges de mai 2021, en page 51.

 

« Guide secret de Limoges » aux Editions Ouest France – Collection Tourisme, guides secrets. Mai 2021 – Couverture : brochée – Format : 13 cm x 19 cm – 144 pages – ISBN : 2737384222 – 14 €

 

L’auteur

Laurent Bourdelas

Laurent Bourdelas est professeur d’histoire et géographie à Limoges. Il est membre du Conseil d’Administration des Anciens du Lycée Gay-Lussac. Impliqué dans l’association, il est notamment à l’origine de la création des Rencontres de Gay-Lussac. Homme de radio depuis une trentaine d’années, il anime aujourd’hui chaque mois une chronique sur RCF « Des livres et vous ». Il est également photographe et écrivain. Récemment, son ouvrage « Les bouchers du château de Limoges » a donné lieu à une conférence de l’association. Enfin, sa biographie d’Alan Stivell (Editions Le Télégramme, 2012) est devenue une référence.

Après 3 tomes couronnés de 3 prix littéraires, notre camarade Philippe Grandcoing revient avec un nouveau roman historique. « La Conspiration hongroise » nous plonge, aux côtés de son enquêteur vedette Hippolyte Salvignac, dans un mystérieux complot politique international au temps de la Belle Epoque, entre Paris et Vienne.

 

La Conspiration hongroiseLe Mot de l’Editeur

Paris, printemps 1909. L’inspecteur Lerouet est confronté à un cadavre anonyme retrouvé poignardé en pleine rue, l’obligeant à faire appel à son vieil ami Hippolyte Salvignac et à Léopoldine, sa compagne, artiste peintre à la sensualité débordante. Au fil de leurs investigations, ce trio d’enquêteurs exhume un mystérieux complot politique aux ramifications internationales, alors que se multiplient les assassinats dans la communauté des artistes hongrois exilés en France. Au moment même où Clemenceau perd le pouvoir, réussiront-ils à sauver l’Europe de la catastrophe ?
Leurs aventures vont les mener jusqu’à la Vienne de Klimt et de Freud, à la découverte de la capitale de toutes les audaces intellectuelles et artistiques de la Belle Epoque, où se cache la clé de l’énigme.

« La conspiration hongroise », Editions De Borée. Collection : Vents d’histoire – Mars 2021 – Couverture : brochée – Format : 15 cm x 23 cm – 276 pages – ISBN : 2812927135 – 19 €

 

L’auteur

Philippe GrandcoingPhilippe Grandcoing est professeur agrégé d’histoire en classes préparatoires aux grandes écoles (hypokhâgne et khâgne) au Lycée Gay-Lussac à Limoges. Spécialiste de l’histoire de la société limousine des XIXe et XXe siècles, il consacre son talent d’historien à sa région. Auteur de nombreux ouvrages historiques et universitaires, il s’illustre dans le roman historique avec les enquêtes de l’antiquaire Hippolyte Salvignac. Philippe Grandcoing est engagé dans l’association des Anciens de Gay-Lu, en tant que membre du Comité.

Nous retrouvons avec plaisir l’antiquaire-détective Hippolyte Salvignac pour une nouvelle enquête signée de notre camarade Philippe Grandcoing, professeur agrégé en CPGE à Gay-Lussac, engagé dans l’association des Anciens de Gay-Lu. Après Le Tigre et les pilleurs de Dieu, puis Le Faubourg des diaboliques, il signe là une troisième aventure, « Tuer est un art » qui se déroule en 1908 dans la Normandie de Claude Monet et de Maurice Leblanc.

 

Tuer est un art

Le Mot de l’Editeur

Point de repos pour Hippolyte Salvignac, l’antiquaire entré au service de la police de Clemenceau. Un mystérieux cadavre vient d’être découvert à Giverny, à deux pas de la maison du peintre Claude Monet. Flanqué de son inséparable complice, l’inspecteur Lerouet, le voilà plongé au coeur d’une intrigue où l’on ne compte plus les crimes extraordinaires : assassinat du peintre Steinheil, époux de l’ancienne maîtresse du président de la République, meurtre du beau-frère de Claude Monet dans son hôtel particulier…
Aidé par Maurice Leblanc, le créateur d’Arsène Lupin, Hippolyte tente de démêler l’écheveau de ces multiples intrigues. Une enquête captivante et haletante, où une nouvelle fois s’entremêlent les monde de l’art, de la politique et du crime.

 

Tuer est un art – Éditions De Borée – Collection : Vents d’histoire – Mars 2020 – Couverture : brochée – Format : 15 cm x 23 cm – 294 pages – ISBN : 9782812926464 – 19,90 €

 

 

Philippe GrandcoingPhilippe Grandcoing est professeur agrégé d’histoire en classes préparatoires aux grandes écoles (hypokhâgne et khâgne) au Lycée Gay-Lussac à Limoges. Spécialiste de l’histoire de la société limousine des XIXe et XXe siècles, il consacre son talent d’historien à sa région. Auteur de nombreux ouvrages historiques et universitaires, il s’illustre dans le roman historique avec les enquêtes de l’antiquaire Hippolyte Salvignac.

Philippe Grandcoing est engagé dans l’association des Anciens de Gay-Lu, en tant que membre du Comité.

Retour sur la conférence de Michel C.Kiener, donnée le jeudi 12 mars, au Lycée Gay-Lussac, sur le thème « Limoges 1920-2020 : cent ans d’urbanisme et d’architecture ». Une quarantaine d’auditeurs, anciens du lycée et sympathisants, se sont montrés particulièrement attentifs et curieux des questions d’évolution de l’urbanisme et l’architecture de la ville de Limoges.

Conférence Michel C Kienre aux Anciens de Gay-Lu

Celui qui se promène dans Limoges, surpris par l’hétérogénéité du tissu urbain qu’il a sous les yeux, peut en tirer l’impression d’une ville construite de bric et broc, à la petite semaine, en fonction des opportunités foncières, sans pouvoir en comprendre la logique, ni même, parfois parvenir à situer le « vieux limoges », le cœur historique premier que toute ville aujourd’hui brandit comme un trésor.

Tout au contraire, en dépit de son caractère parfois déroutant, le paysage urbain de Limoges est le produit de politiques successives emboîtées conduites par des maires « à projet », que les hasards de la vie ont contraint de « jeter l’éponge ».

À ce titre, Limoges est un cas passionnant. Mais avant d’entrer dans le cœur du sujet, il faut rappeler deux principes de base :

  • Un maire peut « tout », tout ou presque. C’est un roi sur son territoire, en dépit des contraintes budgétaires et autres, c’est lui qui dessine « en vrai » le dessein de sa ville, son devenir et son futur visage : Villeurbanne dans l’entre-deux-guerres, et récemment Nantes, Grenoble, puis les deux Bordeaux successifs de Chaban-Delmas et Juppé en savent quelque chose, tout comme des villes aussi « moyennes » que Colmar ou Sarlat.
  • Mais il décide armé de ses passions, de ses principes politiques et des idées en vouge, passés au tamis des exigences et des conseils des hommes de l’État, ingénieurs et hauts fonctionnaires, et des architectes en vogue..

Le paysage urbain est donc la résultante de décisions successives et datées portant sur

  • l’espace public : rues, places, alignements, traitement du sol, mobilier végétal ou statuaire…
  • le bâti : alignements, hauteur, directives de construction (matériaux, encorbellements etc),
  • l’activité économique : artisanat, manufactures et usines, commerces divers.

Le tout ajusté aux moyens financiers du moment : comme les cathédrales du Moyen-Âge, les villes présentent de l’inachevé, faute de fonds ou revers de fortune, ou changement de politique. Limoges – comme tant d’autres villes bien sûr – est un musée d’inaboutis ou d’inachevés (ses places Denis-Dussoubs et d’Aine, le carrefour du CHU, les bords de Vienne, le Jardin d’Orsay…)

Quartier de la Cité

Les quatre moments d’une histoire

Sans entrer dans le détail des décisions et des constructions poursuivies sur plus d’un siècle, on tentera de fournir ici les clés qui permettront de déchiffrer le paysage. Pour le seul Limoges des années 1900-2020, on peut distinguer quatre phases, quatre politiques successives dont son paysage porte l’empreinte forte et les stigmates.

  • Une longue phase d’haussmannisation volontariste, commencée en 1898-99 et poursuivie par le maire Léon Betoulle (1912/1941, 1947/1956), puis par son successeur Louis Longequeue (1956-1990), s’est trouvée enrayée successivement par la Crise de 1929 suivie de la Seconde guerre mondiale, et par la révolution copernicienne des années 1970-80.
  • Les années 1954-75, celles des Trente Glorieuses, qui culminent à Limoges au cours d’une décennie glorieuse, celle des années 1960.
  • Leur succède le temps des « Vieux quartiers », de la revendication identitaire couplée avec le temps des architectes/grands projets des années 1974-2010.
  • Une quatrième phase s’amorce avec le XXIe siècle et prend son envol vers 2010 : le temps du bien-vivre en ville, des préoccupations écologiques puis du changement climatique, les maires devant « répondre aux défis de l’avenir ».

 

1. L’haussmannisation

Il faut rappeler ce qu’était le Limoges de 1900-1920 : une grande ville industrielle et négociante, ouverte sur le monde, même si elle a pris en même temps l’habit d’une « ville ouvrière ». La liste des industries de base, porcelaine, chaussure, liqueurs, doit être complétée par un important secteur BTP trop souvent passé sous silence : architectes, entrepreneurs, terrassiers, maçons, plâtriers, charpentiers en bois et en fer, peintres, menuisiers, vitriers, électriciens… construisent à la Belle Époque en marge du vieux Limoges premier une périphérie planifiée typique de la Révolution industrielle. Deux villes coexistent donc, comme dans les villes coloniales : un vieux centre pourrissant et une ville neuve à rues larges tirées au cordeau, outre des métastases urbanisées par poches. D’un côté l’entassement de la population ouvrière dans des logements sordides, de l’autre de nouveaux quartiers, dits bourgeois, où logent classes moyennes et cadres de la garnison.

Art DécoMais on ne voit pas émerger une politique de logement ouvrier, ni de la part des manufacturiers, ni de la municipalité.

En tout cas, celle-ci entreprend à partir de 1898-99 de raser la ville ancienne secteur après secteur, afin de doter Limoges d’un centre-ville « moderne », en prenant pour référence l’action du baron Haussmann à Paris. Ce qui veut dire mener l’opération sans états d’âme, en sacrifiant toute référence au passé, toute référence au parcellaire antérieur, en sacrifiant les maisons à tourelles d’angle en granit comme en ont conservées Brive et Saint-Léonard-de-Noblat.

Première victime condamnée à l’unanimité pour sa pestilence, le secteur dit du Viraclaud, sur lequel on construit rapidement, à partir de 1900, quelques « grands équipements » : Poste, Préfecture, Bibliothèque et Cirque-Théâtre en dur. Suit aussitôt, sur un programme arrêté en 1914 à la veille de la guerre, la destruction du secteur du Verdurier situé à l’autre extrémité d’une radiale ouverte en force, la future rue Jean-Jaurès. Le Verdurier, détruit à coups de pioche pendant la Grande guerre, transformé en tabula rasa, amorce sa reconstruction sous l’égide des frères Bernheim dès 1920-21, dotant le centre-ville d’artères Art déco puis Années Trente. Subsistent pourtant comme en attente, de part et d’autre de la pénétrante Jean-Jaurès des îlots en attente… rescapés du massacre.

Et une amorce d’urbanisme : ainsi le plan Gonthier, suite à la loi de 1919.

Qui mène la danse ? Qui poursuit le programme amorcé vingt ans plus tôt ? Paradoxalement, le député-maire socialiste élu en 1912, Léonard dit Léon Betoulle. Il a trois préoccupations essentielles :

  • Accompagner la relance économique gage d’emplois pour la population. Limoges sera pleinement la capitale de la VIIe Région économique, voulue par la Chambre de commerce.
  • Poursuivre la modernisation de la ville, donc l’haussmannisation et la reconstruction en moderne des quartiers détruits. Et, surtout, en finir avec le feuilleton de la gare du P. O. : il impose le projet audacieux de Roger Gonthier, et la gare se fait, inaugurée en 1929.
    Pour le Verdurier, mis en adjudication d’un bloc en 1921, il ne veut qu’un seul interlocuteur : ce sera les frères Bernheim.
  • Enfin, lancer un programme offensif de logements ouvriers HBM : une cité-jardin (Beaublanc), puis la cité des Coutures et tant d’autres, que suit un de ses fidèles, Victor Thuillat .

Sont ainsi fortement impactés dans l’espace urbain et péri-urbain :

  • Le Verdurier, donc le Boulevard Louis-Blanc, la rue Jean-Jaurès puis l’îlot de la gare
  • Ainsi qu’un ensemble de poches pavillonnaires privées, rues comprises, bâties en « pavillons Loucheur » modestes et de alignements de villas, dont de nombreux lotissements Bernheim privés (Montjovis, la Céramique…).

Mentionnons enfin quelques cathédrales industrielles dont la plupart ont été rasées depuis : subsistent ainsi l’usine de chaussures Monteux rue Beyrand (archives de santé de l’armée) et une imposante usine Haviland devenue siège des chèques postaux.

Sauf que la Crise de 1929, partie de New York, fit de Limoges l’industrielle une victime de choix. Chômage, faillites en cascade, friches industrielles, un drame absolu que la seconde guerre mondiale fit durer. L’haussmannisation est ainsi stoppée.

 

2. Les années 1954-1975

L’après-guerre est sinistre, l’industrie repart lentement, alors que le baby-boom accroît à Limoges une effarante crise du logement. Les ruraux qui accourent pour travailler en ville ne trouvent parfois qu’un garage pour se loger en famille. Le maire communiste Georges Guingouin, élu en 1945, tente une politique vraiment sociale, mais il est remplacé dès 1947 par le vieux Betoulle. Rien ne se passe vraiment, aucun progrès dans l’assainissement. La France, ruinée par les guerres coloniales, n’a pas d’argent – en 1953-54, 40 % du budget passe dans la guerre d’Indochine.

Une conférence illustrée d’archives, commentées par Michel C. Kiener

Sauf qu’en 1954, l’abbé Pierre lance son célèbre appel, et l’État décide alors de lancer, lui, un grand plan de construction industrialisée de logements.

  • Cette campagne va assurer le triomphe des idées de toute une génération d’architectes adeptes des conceptions de Le Corbusier, architectes souvent de gauche et compagnons de route du Parti communiste, résistants (mais pas tous loin de là), forts de leur participation à l’œuvre de reconstruction des villes en ruines dirigée par le ministre Claudius-Petit (1948-1953), l’homme du MRU.
  • Le maire Betoulle monte à Paris en 1954, et il obtient un premier programme pour une cité à construire à La Bastide, ainsi que la nomination d’un architecte dédié, Clément Tambuté (l’homme de la cité des 4 000 de La Courneuve etc. après avoir reconstruit Calais, Berck-sur-mer et Abbeville. Un Parisien, qui a œuvré à Madagascar pour reconstruire le port de Nossi Bé ruiné par les tirs anglais.
  • Il est suivi d’un autre architecte parisien, René Blanchot, qui se chargé des constructions scolaires (écoles, lycées). Un copain de Tambuté. L’adjoint aux écoles, c’est Louis Longequeue, le futur maire.

En décembre 1956, Léon Betoulle meurt enfin, et c’est donc le « jeune » Longequeue (1956-1990) – un pharmacien socialiste de 42 ans lié à la Résistance – qui lui succède, élu par son groupe à la surprise générale. Il va se noyer dans le travail, et prend à bras le corps tous les gros dossiers, le logement, les écoles, l’emploi, les grands équipements sportifs…

Il va utiliser pour cela tous les leviers que l’État met à la disposition des communes. En 1958, la Cinquième République, en 1959 les municipales. Le maire a eu deux ans pour prendre les choses en mains. Il est seul, sans aucun appareil autour de lui, sinon un secrétaire-général en place depuis longtemps, juriste et roublard.

Sa méthode ? Décider et prendre le dossier en mains. Ainsi en va-t-il du nouveau théâtre municipal voué à l’opéra et l’opérette, 1 400 places, inauguré en 1963, construit sur l’emplacement du cirque-théâtre détruit.

Les années 1960-70 seront ses grandes années. En décembre 1959 est créée sous l’égide du préfet et de la Caisse des dépôts une société d’économie mixte dont le maire est aussitôt nommé président. Cette SEM est avant tout une boite aux lettres entre les services conseils de la CDC et la ville, mais cette SELi devient le bras armé du maire. Et il annonce, en ce mois de décembre 1959, puis dans la foulée, son programme donc ses exigences. Spectaculaire. Une ZUP, et trois zones industrielles, aux entrées nord et sud de la route Paris-Toulouse, des collèges universitaires et pourquoi pas une université, un CHU, une refonte de l’espace central (la place de la République) avec un parking et, dès 1961, un aéroport moderne en remplacement de celui de Feytiat. Il a un atout : un vaste territoire communal, qu’il agrandit en annexant Beaune-les-Mines. Il n’aura rien à négocier avec sa périphérie. Comment travaille Louis Longequeue ? Avec des complices, des relais qu’il se constitue à Paris ; il est parlementaire, il négocie âprement, il contourne les préfets et leur mandant le directeur de l’Office HLM. Il est exigeant, et il le fait savoir.

En un peu plus de dix ans, c’est fait. L’aéroport de Bellegarde est inauguré pour les obsèques d’Edmond Michelet en 1970. Le maire obtient son université en 1968, et le CHU est inauguré en 1975 seulement par Jacques Chirac, suite à des faillites d’entreprise etc.

Tout est municipal et le restera : le Centre culturel inspiré des maisons de la Culture à la Malraux, le Grand-théâtre, le musée de l’Évêché. La ville se couvre d’écoles et de lycées reconstruits ou construits, au service de toute l’agglomération. Et l’industrie tourne à plein, l’automobile prenant le relais des deux industries traditionnelles, céramique et chaussure.

 

Et l’haussmannisation ? Le maire la poursuit à son tour, mais elle se limite aux marges urbaines ouvrières aux allures de taudis qui longent la Vienne au pied et autour de la cathédrale, en attendant d’attaquer la rive gauche : le Clos Sainte-Marie. Pour le reste du vieux centre laissé en attente, il faut construire d’abord, on détruira après. Les grands ensembles se succèdent donc à partir de 1959, tous signés Tambuté, avec l’aide de son assistante Thérèse Fayeton et des architectes d’exécution locaux.

 

1971 marque un sommet, que consacrent pour Longequeue ses troisièmes municipales remportées – trois autres suivront. Limoges s’affiche clairement en capitale régionale de plein exercice, au point que l’État prévoit pour elle 250 000 habitants en 1990. Les ZI sont remplies, et on s’attaque sans plus tarder à une deuxième ZUP au-delà de la ville, dans les champs du lieu-dit Beaubreuil. C’est aussi le temps des piscines et des terrains de sport. Et celui des espaces verts, sous l’impulsion d’un adjoint à l’urbanisme, Gilbert Font (1965-1995) : vallée de l’Aurence en entier, jardins ouvriers, premier golf municipal de France, jardins de l’Évêché. L’idée d’une « ceinture verte », très à la mode avec l’émergence de l’écologie, fait son chemin. L’acquisition réussie et sans frais du Bois de la Bastide, autre première application d’une loi récente, en est le témoin.

Et c’est le coup de bambou de Beaubreuil, la fin d’une époque…. La France passe au pavillonnaire, même si la Gauche stigmatise les Chalandonnettes… Les classes moyennes, les ménages ouvrier-employés à deux salaires, font construire. La Caisse des Dépôts se retrouve bien seule avec sa pluie de barres et de tours à élever sur Beaubreuil. Elle doit changer ses plans et les envelopper d’une ceinture de pavillons pour éviter le désastre financier.

Tout dérape. Les ménages, en effet, se mettent à fuir dans les communes d’une banlieue qui s’invente à toute vitesse, tandis que les « quartiers » conservent les plus pauvres :

  • Les Grands ensembles accusent le coup du double choc pétrolier de 73 et 79, qui sonne la fin de nombreuses entreprises « locales » (les fonderies de Châteauponsac, le textile de Cussac). Tandis qu’une population d’immigrés remplace les ex-ruraux partis à la périphérie… alors même que les emplois industriels s’évaporent sur Limoges.
  • Les associations « de défense », dans le même temps, se créent et parviennent à bloquer de grands projets : l’autoroute à six voies prévue en bord de Vienne, la destruction du Clos Sainte-Marie et du reste du quartier de la Cité. L’haussmannisation est stoppée, avec un héros discret, Gilbert Font, qui sauve le Pavillon du Verdurier et tant d’autres bâtiments ou secteurs patrimoniaux.

 

3. Le temps des architectures et du Patrimoine 1980-2010

Oui, les temps avaient bien changé. Partout en France désormais des citoyens, mieux formés, se mêlaient des projets que leurs maires, appuyés par l’Etat et forts de leur légitimité électorale, tentaient de mettre en œuvre. Limoges n’échappa pas au mouvement général des associations contestataires.

Le Zénith en construction au bois de la Bastide (2006) : le temps des grands équipements.

Deux phénomènes majeurs vont marquer son paysage urbain :

  • La prise en considération comme « patrimoine » des vieux quartiers voués à la démolition. Cela ne se fit pas sans grincements de dents et le maire Longequeue résista jusqu’au bout, jusqu’à sa disparition en 1990, à toute campagne de ravalement obligée. Ainsi qu’à sa corollaire, la création d’un secteur piétonnier cohérent et valorisé. Mais le ton était donné, et les premiers colombages apparurent en 1973 rue de la Boucherie à l’initiative d’un petit groupe de passionnés. Le Clos Sainte-Marie, à son tour, se prit en mains et imposa une progressive mise en valeur qui mit hors-jeu les programmes prévus. Des aides (celles de l’ANAH), des subventions ciblées firent émerger un nouveau Limoges, détenteur d’un « centre ancien » qu’on ne soupçonnait pas, et même d’un patrimoine archéologique disponible. Une première décision favorable au patrimoine concerna les vestiges du tombeau de saint Martial place de la République, mais les très importants vestiges des thermes gallo-romains, trouvés dans un état remarquable de conservation et d’élévation, furent rasés dix ans plus tard sans pitié au profit d’un parking à étages. Il revint au maire Alain Rodet (1990-2014) de passer à la vitesse supérieure en lançant une politique continue et cohérente de ravalements (au-delà du millier de façades), de fouilles assumées et de valorisation par exemple de la place Denis-Dussoubs. En cela appuyé par le Département (la chapelle des Jésuites, la Visitation et l’ex-caserne). Avec cependant un secteur piétonnier réalisé par petits bouts sans réelle volonté d’en faire un atout maître.
  • Deuxième signe des temps, le temps des architectes. À partir de 1980 on voit surgir à traves Limoges de grands équipements publics, imposants ou plus modestes, à valeur architecturale voulue et assumée : l’hôtel de région, le Palais des sports de Beaublanc (temple du basket version CSP), la technopole Ester, la médiathèque (Bfm, P. Riboulet), l’ENSIL (Atelier 4), l’ENAD/ENSA, les deux facultés de droit de centre-ville (M. Fuksas) – site Turgot et site Forum –, le Conservatoire, la nouvelle ENSCI/centre européen de la céramique… et, pourquoi pas, le collège André-Maurois. Dans le même temps, le Théâtre de l’Union, les caves des anciennes Coop, les halles centrales, la cité HBM/HLM des Coutures et la cité-jardin de Beaublanc, la chapelle devenue Espace Simone Veil font l’objet de réhabilitations/refondation majeures, comme les musées des beaux-arts (ville) et Adrien-Dubouché (État).

En 2001, la ville entre enfin dans le club des Villes d’art et d’histoire, mais toujours à petits pas. Ce qui n’empêche pas quelques ratés scandaleux, ainsi le saccage de l’ex-chapelle 1880 des sœurs hospitalières au profit de l’Université.

 

4. La ville durable : 2010 et après

En 2014, les municipales du mois de mars mettent fin à un siècle de gestion socialiste de la ville (1912-41, 1947-2014). Changement de ton, peut-être, mais le cadre mental a changé, à commencer par le fait que Limoges perd soudain, au 1er janvier 2015 son statut de capitale régionale. Un coup de foudre qui frappe une ville ex-ouvrière devenue ville tertiaire avant tout.

En 2001, la ville était entrée dans la construction progressive d’une communauté de destin avec les communes d’alentour, puis, mieux encore, dans une Communauté urbaine, celle de Limoges Métropole, largement étendue. Désormais, la voirie et l’aménagement urbain vont dépendre du consensus communautaire autant que de la volonté du maire.

Mais c’est surtout l’impact du mouvement écologiste, qui fait irruption au conseil en 1989, puis du réchauffement climatique, devenu une évidence et une obsession dans les années 2010, qui vont désormais orienter la confection d’un paysage urbain plus vert, plus ajusté aux exigences environnementales, et, peut-être, à de nouvelles habitudes de consommation urbaine.

Tout reste à inventer dans ce domaine. S’amorce en tout cas, une nouvelle phase de l’aménagement de l’espace urbain, héritier de politiques successives liées à l’histoire économique et politique de la ville autant qu’aux grands moments de l’histoire nationale.

 

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