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Le banquet parisien 2023 est programmé le samedi 17 juin, sous la présidence d’un ancien de renom au parcours remarquable, Philippe Barboux, Polytechnicien spécialisé en chimie et sciences des matériaux, Professeur Emérite de Chimie ParisTech – PSL. A l’occasion de la préparation de cette journée, Jacques Levet, en charge de la section parisienne des Anciens de Gay-Lu, nous propose une interview de notre invité d’honneur. 

C’est sous la présidence de Philippe Barboux que se tiendra cette année le banquet organisé par la section parisienne des Anciens de Gay-Lu. Pour ceux qui le souhaitent, le déjeuner au restaurant Le Procope sera suivi d’une visite commentée du musée de la Monnaie de Paris.

+ d’informations sur la rencontre du 17 juin 2023 à Paris et pour ceux qui le souhaitent réserver sa place en ligne avant le 30 mai.

 

Quand et comment êtes- vous arrivé au Lycée Gay-Lussac ?

Je n’ai en fait aucune attache familiale avec le Limousin. Mon père était berrichon (Valençay) et ma mère bourguignonne (Dijon). Mon père, Polytechnicien et ingénieur des télécommunications, était muté très régulièrement dans de grandes villes de Province.

Je suis né à Paris le 12 avril 1958, mais j’ai vécu à Alger, Nantes, Rouen avant d’arriver à Limoges. Mes parents m’avaient inscrit en Allemand première langue pour être sûrs de m’envoyer dans chaque grand lycée de ces villes.

Comment avez vous vécu votre arrivée à Gay-Lussac ?

Quand mon père a été nommé Directeur régional des télécommunications à Limoges en 1974, mes sœurs et moi étions très tristes de quitter Rouen. Personnellement j’avais eu beaucoup de mal à me faire accepter par les élèves du lycée Corneille de Rouen. Arrivé en 5ème, j’étais toujours le nouveau encore en 3ème, et je n’avais fait mon trou qu’au moment du rebrassage de la seconde. Les Normands sont, disons-le, assez froids et j’aurais aussi préféré aller au collège de ma ville de banlieue plutôt que dans ce lycée de centre-ville très réservé à la haute bourgeoise locale.

L’idée de tout changer pour aller dans cette ville de Limoges, bien loin de tout, ne me plaisait pas du tout à l’orée de la terminale. Ne disait-on pas limoger ?
Même si mon père essayait de nous convaincre avec des articles de journaux que Limoges était avec Angers une des deux plus agréables villes de France. On lisait dans l’article que l’eau y était fraîche et pure. La preuve étant que l’on pouvait directement la mettre dans les batteries de voiture… Je répondais qu’elle n’était juste pas calcaire, vu qu’on était dans le Massif central (j’ai toujours été meilleur chimiste que géographe !).

en classeNous sommes donc arrivés en août 1974, quinze jours avant la rentrée scolaire et j’ai cherché d’abord des partenaires de tennis. Le miracle était que les jeunes étaient ouverts et curieux de faire ma connaissance, ce qui fait que j’avais déjà plein de partenaires de tennis qui étaient copains du lycée Gay-Lussac avant même la rentrée. Si on ajoute à cela que c’était la première fois que je me retrouvais dans une classe mixte, donnant une ambiance moderne et libre, je me suis senti tout de suite adopté et c’était même un choc culturel. L’ambiance était décontractée entre profs et élèves. On se retrouvait pour le café baby-foot dans les bars voisins du lycée, le mini-foot après la cantine dans la cour de récréation ou pour du tennis dans la Chapelle du lycée, du bridge ou du ping-pong au CSP (pas besoin de dire ce que c’est pour les limougeauds). Ou devant la télévision pour les épopées stéphanoises, n’est ce pas Monsieur Jacques Levet !

J’aurai donc passé seulement deux ans épanouis à Gay Lussac (Terminale, Maths sup), avant d’aller en Maths spé au Lycée Descartes à Tours, puis à l’école Polytechnique.

Et donc quel parcours avez-vous suivi ensuite ?

J’avais toujours rêvé de faire de la recherche scientifique. Par contre, j’étais intéressé par tout et je ne savais que choisir. Biologie, chimie, physique, tout m’intéressait. Mes stages de biologie m’ont un peu refroidi parce qu’au niveau d’un laborantin, c’est très répétitif. J’ai choisi, sur les conseils de mes profs de l’X, la Chimie des matériaux et, si je fais le bilan de presque quarante ans de recherche, j’ai beaucoup changé de poste mais toujours travaillé sur des matériaux pour l’énergie.

J’ai passé dix ans à Jussieu en tant que chargé de recherches CNRS et soutenu deux thèses sur la conduction ionique, utile pour les batteries et aussi les piles à combustible. J’ai fait un séjour post-doctoral de deux ans aux laboratoires de Bell Communication research sur les supraconducteurs. J’ai passé une dizaine d’années à l’école Polytechnique en tant que directeur de recherches où j’ai travaillé, entre autres, sur les verres de confinement de déchets nucléaires. J’y ai aussi enseigné la Chimie pendant 12 ans.

Ce qui fait qu’en 2005, j’ai définitivement passé le pas en devenant professeur des universités à Chimie Paris Tech. J’y ai développé une recherche fortement partenariale avec l’industrie (Saint Gobain, Solvay, Renault, Eramet). Depuis septembre 2022, je suis professeur émérite, ce qui veut dire que je suis retraité de l’enseignement mais autorisé à travailler bénévolement dans mon laboratoire pour encadrer des doctorants sur des nouvelles batteries au lithium et aussi, sujet actuellement très médiatisé, sur la récupération du lithium et le recyclage des batteries.

Qu’est-ce qui vous rend le plus fier dans tout cela ?

À titre professionnel mon séjour aux États Unis où j’ai bénéficié de moyens fantastiques sur des sujets enthousiasmants, et aussi mes années d’enseignement en école d’ingénieur où j’ai pu transmettre ma passion et aussi une approche critique et innovante.

Mais avant tout, à titre privé, mes trois filles, nées en 1993, 1995 et 1997.

 

La rencontre organisée par les Anciens de Gay-Lu, samedi 17 juin prochain sera l’occasion de faire plus ample connaissance avec Philippe Barboux et d’en apprendre plus sur son parcours . En savoir plus sur la journée parisienne et la visite qui suivra.

Le fameux banquet parisien va enfin pouvoir avoir lieu cette année (après deux reports), le samedi 18 juin prochain, sous la présidence d’un ancien de renom au parcours remarquable, l’Amiral Alain Coldefy. A l’occasion de la préparation de cette journée, Jacques Levet, en charge de la section parisienne des Anciens de Gay-Lu, a rencontré l’Amiral Coldefy. 

C’est sous la présidence de l’Amiral Alain Coldefy que se tiendra cette année le banquet organisé par la section parisienne des Anciens de Gay-Lu. Pour ceux qui le souhaitent, le banquet sera suivi d’une visite commentée du musée de l’Armée dans le cadre prestigieux de l’Hôtel National des Invalides.

+ d’informations sur la rencontre du 18 juin 2022 à Paris et pour ceux qui le souhaitent réserver sa place en ligne avant le 30 mai.

 

Amiral Alain ColdefyVous êtes né à Limoges et ancien élève de Gay-Lussac. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je suis né en effet à Limoges le 25 novembre 1946, chez mes grands-parents maternels, avenue Emile Labussière, comme d’ailleurs ma sœur Anne-Marie en 1948. J’ai du côté maternel une ascendance auvergnate mais mon grand-père est venu au début des années 30 à Limoges et s’y est installé définitivement. Il y travaillait pour les établissements Bergougnan (les pneus) avenue des Bénédictins et ma grand-mère y a été receveuse des PTT, métier qu’elle avait exercé pendant a guerre et poursuivi après.

Mon père étant médecin militaire, nous avons vécu à Limoges pendant ses absences, dont l’Indochine ce qui m’a conduit alors à l’école primaire de Montjovis. Plus tard lorsqu’il a pris la direction de l’Hôpital de Batna en Algérie, je me suis retrouvé en 1959 en 3ème à Gay-Lussac. Mes parents avaient alors une maison avenue des Ruchoux et ma sœur a fait ensuite toute sa scolarité au Lycée de jeunes filles. Je suis resté seulement un an, ayant réussi en 1960 le concours pour entrer en seconde au Prytanée Militaire de La Flèche.

Du côté paternel ma famille est originaire depuis de nombreux siècles du Lot et je suis citoyen d’honneur de Rocamadour, tout près de Labastide-Murat.

Vous êtes donc originaire du centre de la France et on peut vous poser la question de savoir pourquoi vous avez choisi la mer pour horizon…

Il n’y a en effet aucun marin dans ma famille. Je crois que la réponse est simple si j’essaie de revenir bien des années en arrière. J’aimais les récits de découvertes, aussi bien de la nature que des hommes, l’inconnu de la navigation aussi bien sur terre, comme le Sahara ou sur mer, et le ciel et ses étoiles me fascinait.

J’étais orienté vers une carrière d’ingénieur et en classe préparatoire, dès la classe de Maths Sup, le concours de l’Ecole Navale me tentait. Je n’ai d’ailleurs passé que ce concours, étant alors un peu en avance et capable de me reconfigurer éventuellement en « cubant ».

Par la suite le métier si riche de sens et de sel d’officier de marine m’a enthousiasmé et je suis resté pendant 41 ans dans la Marine Nationale avant de rejoindre l’industrie.

 

La rencontre organisée par les Anciens de Gay-Lu, samedi 18 juin prochain sera l’occasion de faire plus ample connaissance avec l’Amiral Coldefy et d’en apprendre plus sur son parcours et la fabuleuse énergie qui l’anime. En savoir plus sur le Banquet parisien et la visite qui suivra.

 

« La mer ouvre de grands horizons pour de nouveaux défis en matière économique, mais la volonté politique est nécessaire. » Alain Coldefy

Consultez l’article publié à l’occasion de la sortie des mémoires de l’Amiral Coldefy « Le Sel et les Etoiles »

Banquet annuel de l’association des Anciens de Gay-Lu au Lycée sous la présidence de notre camarade Tristan d’ALBIS : une soirée conviviale dédiée aux rencontres et au partage inter-générations, organisée à l’issue de l’Assemblée Générale.

 

Tristan d'AlbisCette année, le banquet se déroulera le samedi 16 novembre, sous la présidence de Tristan d’ALBIS, diplomate, Ministre plénipotentiaire honoraire, ancien ambassadeur en Afrique du Sud, ancien conseiller maître à la Cour des comptes, officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite et des Arts et des lettres.

Tristan d’ALBIS a longtemps présidé la section parisienne de l’Association des Anciens du Lycée Gay-Lussac.

 

Cliquez ici pour vous inscrire >>> JE M’INSCRIS en ligne avant le 9 novembre
(par courrier avant le 4 novembre)

 

Voici le programme de la journée :

Tarif : 40 € par personne – Tarif réduit : 20 € pour les moins de 25 ans.

Cliquez ici pour vous inscrire >>> JE M’INSCRIS avant le 9 novembre

 

L’AG et le banquet annuel, c’est aussi le temps de renouveler votre adhésion !
>>> Je souhaite adhérer ou renouveler mon adhésion

Déjeuner au Lycée

A vos agendas !

Comme chaque fin d’année scolaire, nous vous proposons de nous retrouver pour un temps convivial au Lycée : un déjeuner entre camarades de l’association, précédé de la conférence de l’un de nos membres.

Votre programme du MARDI 28 JUIN 2016

  • 11 heures – Conférence de Michel Botineau « Les plantes ont-elles une place dans la médecine du XXIe siècle ? »
  • 12h30 – Déjeuner au réfectoire du Lycée (participation de 20€ par personne à régler sur place)

Inscription obligatoire pour le déjeuner, avant le 21 juin : JE M’INSCRIS

CONFERENCE : Les plantes ont-elles une place dans la médecine du XXIe siècle ?

L’évolution des soins par les plantes dans différentes civilisations au cours de l’histoire.

Planche ancienne MillepertuisDepuis leur origine, les hommes ont utilisé les plantes pour se soigner. Il est remarquable de constater que ceux-ci, quelle que soit la civilisation, les a choisi selon leurs « signes », cette fameuse théorie des Signatures qui, en Europe occidentale, était encore utilisée au début du XXe siècle.
Puis la chimie, par son essor, a pris le relai avec le succès que l’on connaît. Pourtant, l’utilisation des plantes n’a pas disparu. Hormis la pratique de la phytothérapie qui a montré parfois sa supériorité, il faut savoir que les plantes servent dans les recherches de pointe, comme par exemple l’élaboration de nouveaux médicaments contre les cancers.
Mais l’utilisation des plantes demande une grande rigueur scientifique, parfois absente, hélas, d’articles trop souvent tapageurs.

Michel BotineauDocteur ès Sciences pharmaceutiques, Michel Botineau est professeur retraité de botanique à la Faculté de Limoges, ancien secrétaire général de la Société botanique de France et ancien président de la Société botanique du Centre-Ouest. Il est le concepteur du jardin médiéval de Dignac (Charente) où il habite. Auteur de nombreux ouvrages, il a notamment publié aux éditions Belin le Guide des plantes médicinales, le Guide des plantes sauvages comestibles, ainsi que Les plantes du jardin médiéval. Il a fréquenté le Lycée Gay-Lussac de 1953 à 1968.

La conférence sera suivie d’un déjeuner au Lycée. Participation au déjeuner : 20 € par personne (règlement sur place). Inscription préalable obligatoire, avant le 21 juin : JE M’INSCRIS

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Le déjeuner parisien annuel de l’Association des anciens élèves du Lycée Gay-Lussac, organisé par notre camarade Tristan d’ALBIS, se tiendra cette année le SAMEDI 28 MAI au restaurant du Sénat , sous le patronage du Sénateur Jean-Marc GABOUTY.

JacquesHenriDavidIl sera placé sous la présidence de Jacques-Henri DAVID, ancien élève du Lycée, polytechnicien, énarque, ancien directeur du cabinet d’un Ministre des finances, et président d’une grande banque internationale.

L’après-midi se prolongera, pour ceux qui le souhaitent, par l’exposition « Chefs-d’œuvre de Budapest » au Musée du Luxembourg.
En savoir plus sur l’exposition

Comme d’habitude, les conjoints et conjointes sont les bienvenus!

Prolongation du délai d’inscription : bulletin à envoyer impérativement avant le 13 Mai.
Téléchargez le bulletin d’inscription.

Déjeuner au Sénat : 49,20 € par personne / Visite de l’exposition : 17 € par personne
Aucune inscription ne pourra être prise en compte sans le règlement total préalable. Merci de votre compréhension.

Accueil à partir de 12 h – Déjeuner à 12 h 30 au Restaurant du Sénat (15 ter, rue de Vaugirard 75006 Paris). Pensez à vous munir de votre pièce d’identité.

En savoir plus sur le Banquet parisien

Pour profiter de tous les rendez-vous proposés, pensez adhérer ou à mettre à jour votre cotisation annuelle à l’association : téléchargez votre bulletin d’adhésion

PhotoBanquetParis

Les Rencontres de Gay-Lussac ont une vocation à la fois citoyenne et culturelle, éducative au sens premier du mot. Elles ont pour but d’inviter des personnalités d’envergure nationale pour un échange avec les lycéens, professeurs et anciens du Lycée.

Deuxième invité des Rencontres… Michel Aucouturier, qui évoquera Boris Pasternak au cours d’un entretien avec Laurent Bourdelas.

Michel Aucouturier, professeur émérite de langue et littérature russe à Paris IV La Sorbonne et à l’Ecole Nationale Supérieure est un des grands spécialistes de l’oeuvre de Léon Tolstoï. Il vient de publier aux Editions des Syrtes la biographie : « Un poête dans son temps : Boris Pasternak ».

Rendez-vous VENDREDI 1er AVRIL 2016, de 18h à 20h, au Lycée Gay-Lussac.
Entrée gratuite, mais inscription préalable obligatoire (nombre de places limité) : je m’inscris

Livre Boris PasternakLe mot de l’éditeur
Michel Aucouturier est l’auteur du premier livre publié en France sur le poète russe Boris Pasternak (1890-1960), lauréat du Prix Nobel de littérature 1958 (Pasternak par lui-même, Editions du Seuil, « Ecrivains de toujours », 1964), le traducteur d’un grand nombre de ses poèmes et de ses oeuvres en prose, et le rédacteur de l’édition collective de son œuvre en français (Pasternak, Œuvres, Gallimard, « La Pléiade », 1990).
Dans ce nouvel ouvrage, il a voulu donner une vision globale de la formation et de l’évolution de la personnalité et de l’œuvre du poète, en s’appuyant en particulier sur les nombreux textes publiés en Russie depuis sa mort, notamment sur l’œuvre de jeunesse en partie inédite, ainsi que sur une très importante correspondance, publiée pour la première fois dans sa totalité dans l’édition russe de Œuvres complètes (Polnoe SobranieSotchinenii, Moscou 2003-2005, vol. VII à X consacrés à la correspondance). L’ouvrage est construit selon un plan chronologique, chacun de ses dix chapitres étant centré sur une phase particulière de la formation et de l’évolution du poète, ainsi que sur une personnalité ou un épisode qui l’a particulièrement influencée.

Rendez-vous VENDREDI 1er AVRIL 2016, de 18h à 20h, au Lycée Gay-Lussac.
Entrée gratuite, mais inscription préalable obligatoire (nombre de places limité) : je m’inscris

Un public nombreux pour les rencontres de Gay-LussacEn savoir plus sur Les Rencontres de Gay-Lussac

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Le 29 janvier dernier, s’est tenue la première des Rencontres de Gay-Lussac. Nous avons eu le plaisir d’accueillir l’historienne de renom, Mona Ouzouf au cours d’un entretien avec Laurent Bourdelas.

Remise de la Médaille de la Ville de Limoges à Mona Ozouf

Remise de la Médaille de la Ville de Limoges à Mona Ozouf

Après quelques mots d’accueil de Jean-Christophe Torrès, Proviseur du Lycée et de Jean-Pierre Levet, président de l’Association, Mona Ozouf a eu la surprise de se voir honorée par la Médaille de la Ville de Limoges, remise des mains du Maire Emile-Roger Lombertie en personne.

Durant près de deux heures d’entretien, elle a évoqué devant un public nombreux, son parcours et les thèmes qui lui sont chers tels que la Révolution française, la République et la littérature.

A l’issue de cet entretien, une séance de dédicaces était organisée en partenariat avec la Librairie Page et Plume, à l’occasion notamment de la sortie récente de son ouvrage « De Révolution en République », paru aux éditions Quarto Gallimard.

Encore tous nos remerciements à Mona Ozouf pour sa participation, et aux partenaires de l’événement, tels que Le Populaire du Centre et la radio RCF.

Un public nombreux pour les rencontres de Gay-Lussac

Compte-rendu de la rencontre avec Mona Ozouf.

La présentation par Laurent Bourdelas

« Mesdames, Messieurs, Chers collègues, Chers élèves et chers anciens élèves,
Je crois que nous avons beaucoup de chance aujourd’hui, à vrai dire une chance exceptionnelle : celle d’accueillir dans notre lycée, pour cette séance inaugurale des Rencontres de Gay-Lussac, une personnalité en tous points remarquable, puisqu’il s’agit de Madame Mona Ozouf, normalienne, agrégée de philosophie, qui a rejoint, par l’intermédiaire de son mari l’historien Jacques Ozouf, spécialiste de l’Ecole républicaine, un groupe d’autres historiens, notamment : Denis Richet, Emmanuel Leroy-Ladurie et François Furet. Membre du Centre de recherches politiques Raymond-Aron à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), elle est ensuite directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
Et je vous remercie d’autant plus de votre présence que vous écrivez, dans la préface du Quarto que Gallimard vient de consacrer à vos écrits, que « l’atelier de l’historien » est « toujours encombré par les sollicitations extérieures, colloques, présentations, préfaces, commémorations en tous genres » et que vous observez que votre travail est « si souvent dérouté par ces demandes intempestives ». C’est donc un honneur insigne que vous nous faites en répondant à notre invitation !
Rencontres de Gay-Lussac - Association des Anciens du LycéeLes centres d’intérêt de notre hôte, vous le savez, sont multiples, de l’histoire – en particulier de la Révolution, de la République et de l’Ecole – à la littérature. Mona Ozouf a d’ailleurs cela en partage avec d’autres grands historiens qu’elle est aussi un écrivain de grand talent, plusieurs fois primée, qui a reçu l’an passé à Brive le Prix de la langue française « qui récompense une personnalité du monde littéraire, artistique ou scientifique dont l’oeuvre a contribué de façon importante à illustrer la qualité et la beauté de la langue française » ce dont sont convaincus tous ses lecteurs.
C’est pourquoi il est particulièrement plaisant de la recevoir dans ce lycée qui a vu passer entre ses murs – entre autres auteurs – le poète Georges Fourest, Georges-Emmanuel Clancier, Robert Giraud, Pierre Bergounioux ou Robert Margerit, qui écrivit une très belle suite romanesque intitulée  La Révolution rééditée il y a peu chez Phébus. Ce lycée aussi dans la chapelle duquel se réunirent ceux qui préparèrent à Limoges les Etats Généraux de 1789. Et je dois également signaler à Mona Ozouf que ce vénérable établissement a accueilli des élèves qu’elle connaît bien par ailleurs : Jean-Baptiste Jourdan, qui participa à la guerre d’indépendance américaine aux côtés de La Fayette puis fut notamment le général vainqueur de la bataille de Fleurus en 1794, ou  Pierre-Victurnien Vergniaud, grand orateur du parti girondin et de la Révolution, dont vous écrivez, dans le portrait de groupe des Girondins qu’il partage en mars 1793 la Convention en deux groupes : « Celui qui souhaite « entretenir l’effervescence de la Révolution » parce qu’il la croit – Vergniaud est équitable, dites-vous – « indispensable à l’énergie de notre défense » ; et celui, dont il est, qui croit venu le moment « d’arrêter le mouvement révolutionnaire ». Nous y reviendrons, si vous le voulez bien, dans quelques instants.
Pour finir, je crois qu’il n’est pas non plus anodin que cette Rencontre se déroule dans une salle baptisée il y a peu du nom de Joseph Storck, proviseur pendant la Seconde Guerre Mondiale, résistant, qui protégea ses élèves juifs, illustrant ainsi au plus haut point les valeurs issues des Lumières, de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen d’août 1789, et de la République. Nous sommes finalement au cœur de vos travaux – mais aussi d’une certaine manière de ceux de Jacques Ozouf, par ailleurs neveu de Pierre Brossolette – et notamment de ceux qui viennent d’être publiés dans un Quarto Gallimard intitulé De Révolution en République les chemins de la France, qui va nourrir notre conversation… »

Compte-Rendu de l’entretien

Séance dédicaces pour Mona OzoufLa première partie de l’échange a été nourrie par Composition française (2009), livre où Mona Ozouf revient sur son enfance bretonne, et sur la question de l’identité, des identités multiples – elle qui est la fille d’un instituteur laïc et militant de la langue bretonne dans les années 1920-1930, Yann Sohier, et d’Anne Le Den, également institutrice. Elle rappelle que notre identité est multiple, « composée » de ce qui n’est pas choisi et de ce qui l’est. Est évoquée la tragédie de la mort du père alors qu’elle n’a que 4 ans : « il est là et en même temps pas là, passé derrière une porte invisible (…) Tout bascule à ce moment de la vie : car je ne reconnais pas non plus ma mère, entrée dans une dissidence muette. » Dès lors, l’école républicaine tient une place primordiale pour Mona, d’autant plus que sa mère est maîtresse d’école. Elle obtient d’ailleurs le 1er prix de français au Concours général et ensuite réussit le concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure où elle prépare et obtient l’agrégation de philosophie. Elle fait néanmoins part de son « regret tenace que me laissait l’abandon de l’enseignement des lettres au profit de la philosophie et de l’histoire a fini par s’apaiser. Je le dois pour une bonne part à Jean Daniel, qui a eu la gentillesse de m’accueillir dans les pages littéraires du Nouvel Observateur pour des contributions aujourd’hui réunies dans La cause des livres. » Mona Ozouf rappelle ses rencontres avec l’écrivain Louis Guilloux, à Saint-Brieuc, qui fût peut-être à l’origine d’un déclic en lui disant : « Tu vois, si on n’est pas capable d’écrire un roman, on peut tout de même écrire ; tu peux devenir la personne qui sait le plus de choses sur Chateaubriand. Et ce n’est pas rien. »
Il est alors question du « le bonheur gratifiant d’enseigner aux élèves ». C’était à une époque où l’on bénéficiait encore pleinement de « l’attention » des élèves si chère au philosophe Alain…  Une époque où la transmission l’emportait encore sur le besoin permanent de communication d’aujourd’hui et où la parole du maître était moins mise en concurrence… où il n’y avait pas cette nouvelle religion du tout numérique et de l’immédiateté.
Vint aussi le moment de l’engagement au Parti Communiste Français, en même temps que la fréquentation de certains amis historiens – l’historienne parle d’un engagement «étourdi », mais aussi d’une fidélité au père et d’une sécurité intellectuelle… Jusqu’à cela devienne le passé d’une illusion… pour reprendre l’expression de François Furet.
Lorsque l’on dit à Mona Ozouf qu’elle est de ces femmes de diverses générations et spécialités, qui, au 20ème siècle, ont brillé par leur magister dans une France et même une Université où les hommes tenaient encore le haut du pavé – on songe à Simone de Beauvoir, bien entendu, évoquée avec d’autres dans le livre Les mots des femmes paru chez Fayard, mais peut-être aussi à Germaine Tillion, Jacqueline de Romilly, Christiane Desroches Noblecourt, Simone Bertière, Arlette Farge, et quelques autres – elle répond n’avoir rencontré aucun problème particulier, son « féminisme » allant de soi, sans doute hérité de sa grand-mère, « forte femme » comme bien des Bretonnes d’alors. Il est précisé que Mona Ozouf a brossé de magnifiques portraits de femmes, comme Marie-Antoinette ou Madame Roland, à propos de quielle a écrit : « il y a mille destins possibles pour les femmes, mais on peut tous les vivre, et jusqu’au sien, si lugubre, dans l’exercice illimité de la pensée libre. »
Il est ensuite question des travaux de Mona Ozouf à propos de la Révolution Française et de cette idée – développée dès La Fête révolutionnaire 1789-1799 dans une perspective anthropologique avec Alphonse Dupront – selon laquelle il y aurait à travers cette période une unité et une cohérence de programme… Il y aurait même une immédiate radicalité de la Révolution, dès 1789 Il y avait une volonté de rompre avec « l’Ancien régime » qui n’attendit pas 1793, une volonté de faire « table rase », une idée de régénération, d’éliminer « le mal » (on songe à Robespierre, mais aussi à Mirabeau qui dit « nous recommençons l’histoire des hommes ». Il faut exclure les « impurs », les aristocrates. En même temps, cette volonté politique des révolutionnaires doit tenir compte de la géographie, de l’histoire, de l’habitude, des coutumes qui ont précédé 1789. Est aussi rappelée la controverse entre l’anglais Edmund Burke et l’américain Thomas Paine, le premier évoquant l’association des morts, des vivants et de ceux à naître, et le second – favorable à la Révolution bien que malmené par Robespierre – parlant de l’ « autorité usurpée des morts ». Il s’agit aussi de cela, avec la Révolution Française… Du fait aussi que la France serait une nation plus politique que culturelle… (Taine parle de « mal français »).
Après la Révolution Française, après les aléas politiques et constitutionnels du 19ème siècle, il s’est agi de mettre en place, à partir de 1870 et même plus précisément à partir de 1879, la République et même de choisir quelle forme de République. Une République, explique Mona Ozouf, « qui répare », héritière de la Révolution, mais aussi de l’Empire et finalement de tout le 19ème siècle… L’un des moyens d’affermissement de cette République – sans doute le principal – est l’Ecole, étudiée avec Jacques Ozouf dans La République des instituteurs mais aussi dans un livre consacré à Jules Ferry, la liberté et la tradition, qui restaure l’instruction obligatoire et la laïcise – Ferry est d’ailleurs membre du Grand Orient de France. Cette République et cette Ecole vont de pair. Au programme de cette école républicaine, l’histoire joue un rôle important, peut-être majeur, qui permet de réconcilier le passé et la Révolution – celle-ci servant d’ailleurs d’aune pour juger le passé, établissant des distinctions entre moments de retard dans la marche vers le progrès et bon chemin – y compris en distinguant par exemple les « bons » rois des autres…

Librairie Page et Plume partenaire de l'événementAvec Jules Michelet puis Ernest Lavisse – dont l’historienne a rédigé avec Jacques Ozouf une préface aux Souvenirs – se construit un « roman national républicain » enseigné aux petits Français, futurs citoyens – et parfois aussi futurs combattants car il faut réparer la blessure de 1870 – ; on se souvient de la phrase de Lavisse dans l’un de ses manuels : « Tu dois aimer la France, parce que la Nature l’a faite belle, et parce que l’Histoire l’a faite grande. » Mona Ozouf dit « installer la gloire et la grandeur au centre de l’école. » Et en même temps, on assiste à un assouplissement du modèle jacobin, la République s’enracinant finalement « en prenant appui sur les particularités locales », par exemple avec le Tableau géographique de la France de Vidal de La Blache, la diversité française apparaissant comme une chance… Finalement, l’identité française que l’on a parfois tenté d’instrumentaliser est un équilibre fragile entre volonté d’universalisme et attachement aux racines…

Ainsi se termine la première des Rencontres de Gay-Lussac.

Mot d'accueil

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Invité de la prochaine rencontre : Michel AUCOUTURIER

Les Rencontres de Gay-Lussac ont pour but d’inviter au Lycée, environ quatre fois par année scolaire, des personnalités d’envergure nationale (littérature, histoire, philosophie, sciences, économie, art…) afin qu’elles partagent leurs connaissances, leurs recherches, leurs créations… avec les élèves du lycée et des classes préparatoires aux grandes écoles, les personnels et les « anciens » de l’établissement.

Mona Ozouf

Mona Ozouf © Souloy/SIPA

Première invitée des Rencontres…
La grande historienne Mona OUZOUF.

Directeur de recherche au C.N.R.S., historienne, auteur de nombreux ouvrages, Mona OZOUF reviendra sur son parcours et les thèmes qui lui sont chers tels que la Révolution française, la République et la littérature, au cours d’un entretien avec Laurent Bourdelas.

Rendez-vous VENDREDI 29 JANVIER 2016, de 18h à 20h, au Lycée Gay-Lussac.

Entrée gratuite, mais inscription préalable obligatoire (nombre de places limité) : je m’inscris

Ces Rencontres ont une vocation à la fois citoyenne et culturelle, éducative au sens premier du mot ; elles se veulent enrichissantes pour tous, créeront également du lien entre élèves actuels et anciens ; organisées en accord avec la direction de l’établissement, elles contribueront au rayonnement du Lycée, ainsi qu’à celui de la ville de Limoges et du Limousin, désormais au cœur d’une région plus vaste.

Ces rencontres sont organisées par l’Association des Anciens de Gay-Lu et animées par Laurent Bourdelas, membre du comité de l’Association.

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