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Le 20 janvier 2023, Lucas Destrem, géographe, était l’invité des Rencontres de Gay-Lussac, le temps d’une conférence au lycée sur le thème « Nom d’une rue ! Petites histoires de la toponymie à Limoges », suivie d’une séance de dédicaces de son « Dictionnaire des rues de Limoges », paru aux Editions Mon Limousin.

Lucas Destrem, ancien du lycée, a été présenté pour l’occasion par Laurent Bourdelas. Il a pu aborder devant un auditoire captivé, l’évolution du corpus toponymique valorisé, la question des responsabilités et des discours officiels, les débats et polémiques liés aux dénominations, quelques anecdotes originales, et idéalement des représentations cartographiques et statistiques.

Synthèse de la conférence de Lucas Destrem

Si le Dictionnaire des rues de Limoges, publié en 2019 aux éditions Mon Limousin, proposait de façon monographique un descriptif avant tout historique d’une sélection de voies de Limoges, l’idée de cette conférence était d’aborder ce vaste sujet par un angle à la fois plus insolite et probablement plus politique. Car les noms de rues (ou odonymes) sont plus que des outils pratiques d’aide au repérage ; ils sont aussi des objets symboliques.

Plusieurs questionnements le soulignent : qui nomme les voies ? quelles sont les motivations, les valeurs en jeu ? quels débats ce sujet a priori essentiellement technique génère-t-il, au gré des événements de l’histoire locale et nationale ? Autant de questions… auxquelles quelques éléments de réponse ont pu être apportés. Dans la mouvance de géographes ayant délaissé la seule approche archéologique et linguistique de la toponymie, pour y préférer une lecture plus géopolitique, Lucas Destrem a repris à son compte la théorisation de la « toponymie critique » et l’a appliquée à Limoges.

Au programme : d’abord un renvoi aux sources primaires, les délibérations du conseil municipal conservées par les Archives municipales, puis une évocation panoramique de cette odonymie vernaculaire, dont les noms rappellent la trace d’un Limoges ancien et pour partie disparu (métiers, confréries, villages ruraux ou anciennes familles)…

Les défis posés par l’entretien des plaques ou l’éradication des doublons rappellent chacun à leur manière la responsabilité des décideurs dans ce domaine. Un engagement qui évolue avec le temps, en même temps que fluctuent les valeurs « officielles » du régime, les libertés des collectivités, ou les stratégies des élus locaux… Ces derniers, acteurs toponymiques par excellence, se saisissent des rues pour y apposer le nom des personnalités d’un véritable Panthéon syncrétique, à la fois national et communal. Au fil des mandatures, ils valorisent des défunts et parfois quelques vivants, écartent des figures controversées, s’efforcent de compenser l’inertie du passé par la mise en lumière des réussites économiques… et essaient de contenter la population, sans trop l’associer au processus de dénomination. Laquelle recourt aux courriers, pétitions et plaques factices pour tantôt saluer ou déplorer. Cette toponymie, loin d’être neutre, pas toujours consensuelle, même (surtout ?) quand elle le prétend, n’en est pas moins un patrimoine spécifique, à connaître et expliciter. De nombreuses initiatives, ici et ailleurs, pourraient inspirer les acteurs locaux.

L’entreprise plus rigoureuse d’une histoire complète des dénominations des voies à Limoges reste à mener. Cette conférence entendait au moins poser quelques jalons en ce sens. Un quizz participatif en fin de conférence a permis de mesurer l’intérêt du public pour ce sujet inépuisable.

 

Plus d’information sur le « Dictionnaire des rues de Limoges » de Lucas Destrem, paru aux Editions Mon Limousin.

Vendredi 10 décembre, Pierre Iselin, Professeur émérite de littérature élisabéthaine à l’Université Paris-Sorbonne et ancien du Lycée Gay-Lussac (1962-1969) donnait une conférence sur « L’univers musical de William Shakespeare », à Limoges. 

Mise à jour de l’article en janvier 2022 avec la vidéo de la conférence.

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A l’initiative de la commission Culture, l’association des Anciens de Gay-Lu a le plaisir de convier Pierre Iselin à donner une conférence sur le thème “L’univers musical de William Shakespeare”. Cet événement “hors les murs” est une adaptation de celui initialement programmé l’an passé, mais annulé pour raisons sanitaires.

Pierre Iselin, Professeur émérite de littérature élisabéthaine à l’université Paris-Sorbonne est également fondateur et directeur des Sorbonne Scholars, ensemble spécialisé dans le répertoire de la musique de la Renaissance anglaise. Certaines de ces musiques de scène, enregistrées par son ensemble, illustreront son propos.

Le règne d’Elizabeth Ière en Angleterre (1558-1603) – âge d’or du théâtre et de la musique – est aussi celui de vives tensions à propos de l’art, entre des fondamentalistes qui s’y opposent et une population qui se presse aux portes des théâtres. Alors…

  • Comment comprendre le succès du théâtre musical dans une société aussi divisée ?
  • Dans la « guerre des théâtres » qui marque la période, quelle place tient la musique de scène dans les troupes qui animent théâtres privés et théâtres publics ?
  • De quelle musique s’agit-il ? Sur quels instruments était-elle exécutée, et par qui ?
  • Comment Shakespeare a-t-il fait de la musique une utilisation de plus en plus personnelle dans son écriture dramatique ?

C’est à ces questions que Pierre Iselin tentera de répondre en illustrant son propos d’enregistrements réalisés avec les Sorbonne Scholars, le groupe de musique ancienne qu’il dirige depuis leur fondation.

 

📍 Vendredi 10 décembre à 18h30 – Auditorium Clancier de la BFM de Limoges
Entrée libre dans la limite des places disponibles. Masque et passe sanitaire obligatoires.

Détails sur l’événement > par ici !

En cette année exceptionnelle, nous faisons le choix à ce jour de maintenir l’organisation de l’AG annuelle de l’association des Anciens de Gay-Lu. Toutefois, il nous a semblé plus sage d’annuler le traditionnel banquet, les conditions sanitaires actuelles nous imposant la plus grande vigilance.  

Logotype des anciens du lycée gay-lussac de limogesL’Assemblée Générale statutaire des Anciens de Gay-Lu se déroulera Samedi 14 novembre 2020, à 17h30 dans la salle Joseph Storck, au Lycée Gay-Lussac. Au moment de l’émargement, le Bulletin 2020 sera remis aux adhérents à jour de leurs cotisations.

Elle sera précédée à 16h d’une conférence de notre camarade Danièle Lajoumard, Inspectrice Générale des Finances, qui devait présider le banquet. Elle nous fait le plaisir de participer, en intervenant sur le thème : « L’inspection générale des finances : du rôle d’ »œil du ministre des finances » à celui d’aide à la décision publique. ». Inscription préalable obligatoire.

Plus d’informations sur la conférence

Après l’assemblée, viendra le temps du souvenir, avec un dépôt de gerbe au Monument aux Morts du Lycée, suivi d’un temps de recueillement.

Ces temps de rencontre feront l’objet d’un strict respect des mesures sanitaires et gestes barrières en vigueur. Port du masque obligatoire. Merci de votre mobilisation.

 

Vous les aviez appréciées, après un petit temps de pause, les Rencontres de Gay-Lussac ont repris, avec un cycle de conférences en lien avec l’histoire de notre belle cité de Limoges, auxquelles s’ajoutent les sorties culture et nature du printemps, animées par des Anciens de Gay-Lu engagés.

Vous avez été une trentaine à participer à la première conférence donnée par Laurent Bourdelas, sur Les Bouchers du château de Limoges, le 7 février dernier.

Durant un peu plus d’une heure, il a évoqué l’histoire de cette corporation des bouchers de la ville de Limoges, de la confrérie Saint-Aurélien, histoire également d’une rue et d’un quartier, du Moyen-Âge aux heures contemporaines : histoires, anecdotes, personnages, temps forts…

Retour en images sur la rencontre.

Un avant-goût de son dernier ouvrage, paru aux éditions Le Geste. Une séance de dédicaces et un verre de l’amitié offert par l’association ont clôturé cette rencontre riche d’échanges et de convivialité.

 

Conférence « Limoges 1920-2020 : cent ans de la vie d’une ville »

Le prochain rendez-vous se tiendra sous le signe de l’architecture et de l’urbanisme, JEUDI 12 MARS, avec notre camarade historien Michel C. Kiener .

Le Zénith en construction au bois de la Bastide (2006) : le temps des grands équipements.

Michel C. Kiener, agrégé d’histoire (et en charge des archives de l’association), est spécialiste de l’histoire du Limousin des XIXe et XXe siècles. Il évoquera au cours de cette conférence un siècle de projets urbains successifs et d’architectures à références, entre urbanisme volontariste et accidents de l’histoire, en images et dans le texte.

Entrée gratuite sur inscription préalable. Rendez-vous Jeudi 12 Mars à 18h, Salle Joseph Stork, au Lycée Gay-Lussac, Limoges.

En savoir plus et s’inscrire.

 

Après ces conférences, viendra le temps des sorties Culture puis Nature

Dimanche 17 mai – Journée Culture : « Vicq-sur-Breuilh, une passion de restaurer et une passion de créer ».

Une nouvelle sortie culturelle, après le succès de celle de l’an dernier, « Sur les pas de George Sand ». C’est à Vicq-sur-Breuilh que nous emmènent cette année nos camarades de la Commission Culture, sous la houlette de Gérard Peylet. Un programme riche de contenus et de rencontres, avec le Musée d’art naïf Cécile Sabourdy, la Chapelle de Chauveix peinte par Roch Popelier, et le Vieux Château. Ouverture des inscription mi-mars.

En savoir plus

 

Samedi 13 juin – Randonnées bucoliques dans le sud de la Haute-Vienne : « A la rencontre de la nature dans les environs de Magnac-Bourg et les Serpentinites du site du Cluzeau vers Meuzac »

A l’initiative de la Commission Animation, nous vous proposons une journée au vert, dans le sud de la Haute-Vienne, avec deux petites randonnées pédestres autour et dans l’important affleurement géologique remarquable des serpentinites de la Flotte-Le Cluzeau. Une sortie nature, sous la conduite érudite de notre camarade Askolds Vilks, un programme sur mesure, selon vos envies, en matinée et/ou l’après-midi.

En savoir plus

 

…Sans oublier le traditionnel Banquet Parisien

Cette année, Jacques Levet, président de la section parisienne, nous ouvrira les portes du Musée de l’Armée, aux Invalides. Cette traditionnelle rencontre se déroulera le samedi 6 juin sous la présidence de l’Amiral Coldefy.

 

Suivez l’Agenda des événements organisés par l’association.

 

 

 

 

Notre camarade, le Docteur Gérard Terrier nous a fait l’honneur de présider le Banquet 2018 de l’Association. En amont de l’Assemblée générale, il a donné une conférence sur le thème « Evolution de l’anesthésie, de la chirurgie pédiatrique et du traitement de la douleur à Limoges, de la première Guerre Mondiale à nos jours ».
En réponse à différentes sollicitations, notamment de personnes n’ayant pu assister à son intervention, retrouvez aujourd’hui le contenu de son intervention.

 

Gérard TerrierChers camarades, chers amis,

Le Président Jean-Pierre LEVET m’a demandé, en préambule à nos agapes, de vous faire une petite causerie apéritive. J’ai donc choisi de vous entretenir d’un domaine dans lequel j’ai évolué pendant plus de quarante ans : l’anesthésie et la chirurgie de l’enfant. Nous verrons parallèlement l’évolution du traitement contre la douleur, en fonction des drogues et techniques disponibles au cours de ces années.

 

Les progrès de la chirurgie se sont appuyés depuis le début du XXème siècle, sur le développement des techniques anesthésiques. Il est intéressant d’étudier l’évolution de l’anesthésie dans un service de chirurgie pédiatrique et, plus particulièrement dans celui que nous avons à proximité : le service de Chirurgie pédiatrique de l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant, plus communément appelé l’HME de Limoges.

Mais sachez que cette localisation a été précédée de deux autres :

  • la première à l’Hôpital général près de la mairie de Limoges et actuellement reconverti en BFM (Bibliothèque Francophone Multimédia)
  • la seconde, depuis 1975, au CHU Dupuytren
  • jusqu’à l’ouverture de l’HME Hôpital Mère-Enfant en 2007.

Il m’a paru intéressant d’analyser les comptes rendus opératoires que j’ai pu retrouver depuis la fin de la première guerre mondiale. Ceux-ci sont souvent brefs et imprécis, mais ils mentionnent le plus souvent la technique anesthésique utilisée, la qualité de celui ou celle qui l’a administrée et les éventuels incidents survenus au décours de l’intervention. Par contre, ces comptes rendus sont particulièrement pauvres quant aux techniques ou thérapeutiques à visée antalgique.

 

L’activité opératoire

Jusqu’en 1930, l’activité opératoire est faible : une soixantaine d’interventions par an. Elle augmente ensuite sensiblement pour atteindre 263 interventions en 1942, puis se stabilise (227 opérations pour l’année 1955).

A l’ouverture du service de Chirurgie pédiatrique, avec l’arrivée d’un « vrai » chirurgien pédiatre (le Professeur Jean-Luc ALAIN) en 1973, le nombre d’interventions, mensuelle cette fois, va croître régulièrement de 30 par mois à plus de 150, soit entre 1700 et 2000 interventions par an !

Il s’agissait principalement dans la première moitié du XXème siècle d’interventions de chirurgie viscérale (appendicectomies – dont environ 30 à 50% se compliquaient ou mouraient – et hernies inguinales), et de chirurgie orthopédique. Jusqu’en 1930 prédominaient les traitements chirurgicaux d’ostéomyélites, les antibiotiques n’étant pas encore à disposition. L’antalgie est assurée par l’immobilisation, le chaud (bouillottes) ou le froid (vessie de glace).

En 1973, les produits permettant de lutter contre la douleur comprennent certains morphiniques (Péthidine, Fortal®, Palfium®) et des anti inflammatoires (aspirine, paracétamol, AINS).

A noter que nous avons réalisé, avec le Professeur ALAIN et les docteurs Dominique GROUSSEAU et Bernard LONGIS, en 1990, une première chirurgicale mondiale : l’opération d’un nouveau-né par coelio chirurgie.

Le Professeur ALAIN a eu comme successeur le Professeur Dominique MOULIES, éminent chirurgien orthopédiste pédiatre. La responsabilité du service est assurée de nos jours par le Professeur Laurent FOURCADE, auteur d’une première chirurgicale européenne : l’opération d’une atrésie de l’œsophage chez un nouveau-né à l’aide d’un robot chirurgical.

 

L’anesthésiste

Longtemps pratique non médicale, l’anesthésie est assurée sous la responsabilité du chirurgien par l’externe du service ou, plus rarement, par un « stagiaire » dont on ne sait trop qui il était…

Lors des gardes, l’anesthésie est « donnée » (quelle générosité !) par celles qui sont toujours présentes à l’hôpital, de jour comme de nuit : les religieuses de la Communauté de Saint-Alexis.

Il faudra attendre 1954 pour que soit mentionnée, pour la première fois, la présence d’un médecin anesthésiste (sans doute Madame le Docteur Madeleine LEPETIT, ou le Docteur Georges NICOT, futur Professeur de Pharmacologie). De nos jours, il serait inconcevable qu’un enfant soit endormi par quelqu’un d’autre qu’un médecin qualifié, assisté d’une infirmière aide-anesthésiste, dénommée IADE et même d’un médecin ayant choisi cette surspécialité qu’est l’anesthésie – réanimation pédiatrique. En effet, un enfant n’est pas un adulte en miniature !

 

Les techniques

Techniques d’anesthésie locale

1-Anesthésie par réfrigération : A partir de 1916, on voit mentionné le chlorure d’éthyle en pulvérisation pour les incisions d’abcès. Entre 1937 et 1944, des mélanges glace/sel permettent entre autres de réduire des luxations ou des fractures du membre supérieur ou de la jambe et du pied.

2-Anesthésie par infiltration : plusieurs produits sont mentionnés : la cocaïne à partir de 1916, puis la procaïne ou la novocaïne à partir de 1921.

De nos jours, les anesthésies locorégionales, même chez le petit enfant, ont été largement développées, à la fois pour le peropératoire, mais aussi pour procurer une analgésie postopératoire de qualité. Les produits sont aussi beaucoup plus maniables.

Techniques d’anesthésie générale

1-Les drogues :

Bien que le chlorure d’éthyle soit parfois cité (pour l’ablation des amygdales par exemple), c’est le chloroforme qui est, jusqu’en 1927, l’agent volatil le plus employé. A partir de cette date, l’éther fait son apparition. Le choix de la technique varie selon les habitudes de celui ou de celle qui est qualifié « d’anesthésiste ».

Il arrivait même qu’il n’y ait qu’un substitut à l’anesthésie : chez le nouveau-né, il arrivait même que des hernies soient réduites ou des laparotomies pratiquées avec ce qu’il était convenu d’appeler « l’anesthésie à la sucette » ou parfois à la compresse (Diapo 7) devant l’impossibilité de perfuser ces petits patients faute de matériel adapté. Inimaginable de nos jours…

Entre 1935 et 1946, deux préparations anesthésiques sont aussi utilisées : le mélange de SLEICH (éther éthylique, chloroforme et chlorure d’éthyle) et le Balsoforme (qui contient en plus du goménol à visée anti catarrhale et antiseptique). Je vais vous donner mon point de vue sur ces mélanges : outre un doute sur leur meilleure efficacité due à la combinaison de plusieurs produits, je puis surtout affirmer que, s’il survenait un incident –voire un accident – au moins, on ne savait pas à quel produit il était dû ! A partir de 1949, le chloroforme est abandonné.

Le 29 novembre 1946, la première anesthésie intraveineuse est pratiquée chez un enfant à Limoges par injection d’un barbiturique, le thiopental, introduit en France par les américains en 1945. Cette technique est mal jugée par le chirurgien qui note sur le compte-rendu : « Très mauvaise anesthésie, le malade n’a jamais dormi ». Mauvaise utilisation ou préjugé défavorable envers un produit nouveau ? Il est bien difficile de trancher. Malgré cette première expérience peu encourageante, l’utilisation des barbituriques devient plus fréquente.

En 1950, un curare, la D-tubocurarine, est mentionné, précédant la Gallamine en 1953. Les curares sont destinés à provoquer une paralysie musculaire réversible, facilitant les gestes chirurgicaux.
En 1955, le protocole anesthésique le plus fréquemment cité consiste en une induction intraveineuse au Thiopental, suivie d’un entretien de l’anesthésie par inhalation d’éther.

Rapidement, dans les années 1970-80, l’anesthésie a été pratiquée par induction intraveineuse de Nesdonal (qui a remplacé le thiopental) et entretenue par une vapeur halogénée (le Fluothane, qui avait heureusement remplacé l’éther, puis le Penthrane).

De nos jours, c’est en quelque sorte l’inverse : l’induction est pratiquée par inhalation d’un anesthésique volatile halogéné (le Sévofurane) et l’entretien est assuré par, soit un produit intraveineux (le plus souvent du Propofol) soit une inhalation (Nb : une particularité du Propofol : il peut donner, employé seul, des rêves érotiques chez les femmes…pas chez l’enfant !). On y adjoint des morphiniques, des curares et/ou des techniques locorégionales, en fonction du type d’intervention.

Lorsque l’intervention est d’une certaine durée, la technique dite du « circuit fermé » est utilisée, permettant une épargne des produits anesthésiques et une moindre consommation de gaz anesthésiques (oxygène et protoxyde d’azote), et donc une meilleure protection de l’environnement.

2-Le matériel

L’anesthésiste des débuts doit disposer comme nous le rappelle un manuel de 1919 :

  • « d’ouvre bouche et de pinces à langue pour écarter les mâchoires contracturées et saisir la langue,
  • d’instruments et de médicaments destinés à parer aux accidents qui peuvent survenir : quelques ballons d’oxygène, une seringue de PRAVAZ pour faire des injections d’éther, de caféine ou d’huile camphrée,
  • d’une série de masques grillagés si on emploie le procédé de la compresse, ou bien d’un appareil d’OMBREDANNE »

Tout cela a bien changé de nos jours, avec l’utilisation généralisée du matériel à usage unique, des recommandations nombreuses de sécurité, de l’utilisation de matériel informatisé capable de calculer les doses à administrer en fonction des paramètres du petit malade et donc, conséquence heureuse, la raréfaction des incidents ou accidents d’anesthésie.

La préparation du malade

Le malade était purgé et restait à jeun depuis la veille de l’intervention (12 heures pour les aliments solides et 6 heures au moins pour les liquides). Ces délais sont très raccourcis de nos jours. Il n’est pas fait mention dans les comptes rendus d’une quelconque prémédication, vagolytique ou autre. Il est toutefois conseillé dans les années 1920 « d’effectuer les préparatifs dans une pièce voisine de la salle d’opération, pour ne pas effrayer le malade, qui a besoin d’être rassuré par quelques bonnes paroles ».

Un conseil qui reste d’actualité, même si maintenant les parents accompagnent leur enfant jusqu’au bloc opératoire, voire jusqu’à l’endormissement de leur progéniture.

 

Incidents et accidents

Certains comptes rendus opératoires font douter du strict respect des conditions d’asepsie : « une araignée sur la table », « mouches multiples sur le champ opératoire…et ailleurs » sont notés dans une relation de 1941. « Présence de moustiques divers et abondants » sont encore précisés en 1942.

Des complications plus directement liées à la technique anesthésique sont également citées. Par exemple lors d’une intervention pour cure d’une sténose du pylore, des vomissements abondants surviennent, sans que les éventuelles conséquences de cet accident ne soient notées.
Plusieurs cas de « syncopes chloroformiques » sont rapportées. L’un d’entre eux est attribué par le chirurgien « à une anesthésie trop légère et à un changement récent de chloroformiste jeune et moins expérimenté ». Il n’a pas forcément tort !

Une autre fois, deux syncopes successives, chez un enfant de cinq ans, opéré pour une invagination intestinale, aboutissent au décès du petit malade. Il est à noter que quasiment toutes les invaginations intestinales, opérées avant 1965, mouraient.

En 1946, un cas « d’hyperthermie majeure » est décrit, chez un enfant de trois ans, lors de la tentative de réduction d’une luxation congénitale de hanche, dans le but de lui installer un appareil plâtré sous anesthésie au chloroforme. Le petit patient décède à la 10ème heure postopératoire. Il s’agit là sans le moindre doute d’un cas de ce qu’on appelle maintenant une hyperthermie maligne (fièvre montant au-dessus de 41° de température), traitée de nos jours relativement simplement par Dantrolène (produit qui a aussi d’autres indications, chez les myopathes ou, peut-être dans…l’alcoolisme !).

La mortalité opératoire est variable selon les années. Elle atteint un maximum entre 1936 et 1945 : 26 enfants décèdent pour un total de 1767 interventions en 10 ans, soit 1,5%. La moitié des décès est due à des péritonites appendiculaires (la pénicilline ne fait son apparition qu’en 1945, et à Limoges en 1946). Durant cette même période de 1936 à 1945, le taux de mortalité des invaginations intestinales aiguës (retournement d’une portion de l’intestin grêle sur lui-même) est de 100% (10 cas).

A deux reprises, en 1947 et en 1950, des enfants polytraumatisés décèdent du fait de l’impossibilité de les perfuser.
Tous ces incidents et accidents ont disparu. La mortalité peropératoire est maintenant inférieure à 1/300 000. Que de progrès…

 

Le traitement de la douleur

Comme je l’ai mentionné au début de cet exposé, les débuts ont été difficiles…surtout pour les malades ! Peu ou pas d’analgésie, en dehors de l’immobilisation (pour les fractures et les interventions orthopédiques), le chaud (avant l’interdiction des bouillottes dans les années 1980), le froid (vessies ou bains de glace), la « sucette » et…les bonnes paroles des religieuses ou des autres soignants du type « Mais non, ça ne fait pas très mal » ou « ça va passer ! ». N’oublions jamais la référence à la souffrance du Christ…

La morphine (que certains écrivaient « mort fine » en deux mots) n’est pas utilisée chez l’enfant (et très peu chez l’adulte !) de peur de ses effets secondaires et…du risque de toxicomanie ! Et pourtant cette « méfiance » est récente : l’opium et ses dérivés sont connus depuis l’antiquité, puis l’opium avait fait son apparition en Europe grâce aux enseignements d’Avicenne. C’est Paracelse qui l’introduit vraiment en l’utilisant chez…la poule ! Sydeham l’utilisera au 17ème siècle sous le nom de Laudanum. La morphine (en référence à Morphée) fut synthétisée par Sertüner en Allemagne qui publia ses travaux en 1811. Mais en France (je ne parle pas de Limoges !) l’utilisation de la morphine se heurte à la mauvaise image de l’utilisation que nous dirions « récréative » faite par certains artistes comme Charles Baudelaire.

A Limoges justement, les dérivés morphiniques que j’ai déjà cité (Dolosal, Fortal, Palfium) ne seront vraiment utilisés de façon courante, mais parcimonieuse, que dans les années 1960-1970. Etaient utilisés par contre, mais là encore avec parcimonie, les anesthésiques locaux dérivés de la cocaïne, en injections locales.

Au fil des ans, l’apparition de dérivés synthétiques, jusqu’à 100 fois plus puissants que la morphine, plus maniables et plus sécurisants, fit que l’analgésie se développa de plus en plus. De nos jours, l’antalgie post-opératoire est même anticipée, juste avant la fin de l’intervention chirurgicale. L’administration continue à l’aide de seringues électriques facilite aussi l’analgésie. Des formes orales, anales, transdermiques, trans muqueuses (nasales) sont disponibles. Couplées à des techniques d’anesthésie locorégionale et à d’autres produits (AINS par exemple) tous ces produits permettent maintenant une analgésie multimodale, adaptée à l’intervention et au patient. Oui, il est possible de lutter actuellement très efficacement contre la douleur et sinon de la faire disparaître, au moins de la rendre toujours supportable.

 

Conclusion

C’est au cours de la période 1915 – 1955 que, selon le Professeur BAUMANN, « l’anesthésie s’est élevée d’une pratique empirique au rang d’une science : l’anesthésiologie ». Cette évolution est marquée par la médicalisation de la discipline, reconnue comme une spécialité à part entière. Elle a permis, parallèlement, les progrès de la chirurgie. Il faut également souligner l’importance des progrès réalisés dans les domaines de la pharmacologie (en particulier des antalgiques morphiniques ou autres), de la physiologie et des techniques biomédicales (anesthésie à objectif de concentration, techniques locorégionales, analgésie multimodale…). Cela nous a permis, à Limoges en 1990, comme je l’ai déjà cité tout à l’heure, de réaliser une première mondiale chirurgicale : l’opération d’un nouveau-né par célio chirurgie.

Les enfants sont régulièrement opérés par robot à l’HME où le Professeur FOURCADE a lui-même réalisé une première européenne.

L’aventure continue…

 

Merci à notre camarade Gérard Terrier pour cette conférence passionnante.

En lien avec le domaine médical, il a récemment publié Us et Coutumes de la Salle de Garde aux éditions l’Harmatan, il y porte un regard amusé sur ces traditions au sens initiatique certain de la salle de garde.

Rendez-vous le vendredi 28 juin prochain, pour la traditionnelle rencontre de fin d’année scolaire, pour les Anciens de Gay-Lu. Au programme, une conférence de notre camarade Laurent Bourdelas suivie d’un déjeuner au Lycée.

11h – Conférence « Les bouchers du Château de Limoges » (inscription gratuite) en salle Joseph Stork par Laurent Bourdelas à l’occasion de la sortie de son livre.

12h30 – Déjeuner au réfectoire du Lycée (25 € par personne)

Les inscriptions sont ouvertes (jusqu’au 20 juin) !!!

Tout savoir sur l’événement

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