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« Une terre de cailloux et de soleil » est le seizième roman de notre camarade Florence Levet. Cette ancienne du Lycée Gay-Lussac est très engagée de l’association. Juriste de formation, elle a longtemps enseigné le droit comme les langues étrangères ; mère de famille nombreuse, elle a toujours consacré son temps libre à l’écriture.

 

Une terre de cailloux et de soleilLorsqu’elle s’était lancée à la recherche de son frère disparu, Christine Valette n’avait pas prévu qu’elle dégringolerait avec sa voiture au fond d’un ravin dans un coin reculé du Rouergue. Et si des sauveteurs se sont, par chance, aussitôt manifestés pour la recueillir, elle s’est retrouvée au sein d’une bien étrange famille… « Elle avait écrit à son père à ce sujet une lettre que celui-ci qualifiait de délirante, où il était question pêle-mêle d’un camionneur gentil qui avait perdu sa main droite dans un accident, de sa sœur belle à damner tous les saints et de ses frères rouquins, d’une maison perdue au milieu des bois qui avait été le palais d’une chanteuse espagnole dont le mari s’était pendu, d’une scierie qui imprégnait de son odeur de bois frais tous ceux qui y travaillaient, d’une grand-mère qui ne parlait qu’en espagnol à ses petits-enfants et d’une fillette qui s’appelait Jolie et qui avait des anneaux d’or aux oreilles. » Et toute l’existence de Christine s’en trouvera bouleversée.

Une terre de cailloux et de soleil – Florence Levet – Editeur : Nombre 7 – Février 2018
Livre broché – Format : 21×14,8 cm – ISBN : 2368320199 – 17 €

 

Florence LevetJuriste de formation, universitaire et mère de famille nombreuse, Florence Levet consacre ses loisirs à l’écriture et à la musique. « Une vie pour une autre » a obtenu le premier prix au Salon des Pages Libres du Limousin en 2014. Elle est engagée dans l’association des Anciens de Gay-Lu, en tant que membre du Comité.
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Le Tigre et les pilleurs de Dieu, la première enquête de l’antiquaire Hippolyte Salvignac, est signée Philippe Grandcoing, historien spécialiste de la société limousine des XIXe et XXe siècles. Professeur agrégé d’histoire en classes préparatoires aux grandes écoles au Lycée Gay-Lussac, il est engagé dans l’association des Anciens de Gay-Lu. Auteur de nombreux ouvrages historiques et universitaires, Philippe Grandcoing signe ici son premier roman historique.

 

Le Tigre et le pilleur de Dieu

Couverture : peinture de Jean Béraud (1848-1931)

Paris, automne 1906 : la France se remet à peine de l’ouragan de l’affaire Dreyfus. La séparation de l’Église et de l’État est dans tous les esprits… Hippolyte Salvignac, modeste antiquaire parisien d’une quarantaine d’années, est recruté par Georges Clemenceau pour aider la police à pourchasser des trafiquants d’oeuvres d’art. Ces derniers pillent les trésors qui sommeillent dans les églises de campagne… Flanqué de l’inspecteur Jules Lerouet, bâtard au grand coeur, Salvignac découvre les méandres d’une situation explosive : luttes politiques, tensions diplomatiques, conflits religieux et trafics internationaux. Au fil de son enquête, il sillonnera l’Europe de la Belle Époque, de son Quercy natal à Londres en passant par les stations thermales d’Auvergne et la banlieue parisienne. Une galerie de personnages attachants, romanesques ou réels, fait de ce polar historique un livre passionnant, alors que va naître la police moderne des Brigades du Tigre. Fréquentant aussi bien les allées du pouvoir que le monde interlope des marchands d’art ou les soupentes du Quai des Orfèvres, Salvignac entraîne le lecteur dans le tourbillon des années 1900. À travers mille rebondissements se dévoile tout un monde révolu où se côtoient premières automobiles et voitures à chevaux, lampes à pétrole et ampoules électriques, une société où s’invente chaque jour la modernité du XXe siècle.

Le Tigre et les pilleurs de Dieu – Éditeur : De Borée – Collection : Vents d’histoire – Mars 2018
Couverture : brochée – Format : 14 cm x 22,5 cm – 320 pages – ISBN : 978-2-8129-2282-4 – 19,90 €

 

 

Philippe GrandcoingPhilippe Grandcoing est professeur agrégé d’histoire en classes préparatoires aux grandes écoles (hypokhâgne et khâgne) au Lycée Gay-Lussac à Limoges. Spécialiste de l’histoire de la société limousine des XIXe et XXe siècles, il consacre son talent d’historien à sa région. Auteur de nombreux ouvrages historiques et universitaires, il se lance aujourd’hui dans le roman historique avec cette première enquête de l’antiquaire Hippolyte Salvignac.

Philippe Grandcoing est engagé dans l’association des Anciens de Gay-Lu, en tant que membre du Comité.

Article rédigé par Romain Artiguebère, nouveau contributeur au Mag des Anciens de Gay-Lu, à l’occasion de l’anniversaire de la mort d’Alain Robbe-Grillet, disparu le 18 février 2008.

Qu’aurait-il pensé d’un panégyrique ? La question me taraude. Quelle distinction posthume peut-on décerner à un révolutionnaire de la prose ? L’interrogation demeure insoluble. Alain Robbe-Grillet a cassé l’image d’Epinal du vieux roman balzacien, rejetant les carcans formels et s’évertuant à écrire autrement. Le personnage ? La trame ? Le sens de l’intrigue ? Fioritures ! Considérations abrutissantes ! Poussières trop souvent érigées en totems ! L’académicien inabouti, décédé avant son intronisation sous la Coupole du Collège de France, a rayé les instructions des pères fondateurs et valorisé une évidence trop longtemps reléguée au rang de futilité : l’écrit est une réalité pour elle-même.

Il est difficile de rendre hommage à un sapeur de traditions. Je ne sais pas vraiment comment on fait l’éloge d’un destructeur de règles établies par les plus grands génies de la Littérature. J’entends Robbe-Grillet pester contre mon texte, quintessence du conventionnel, condensé de principes obsolètes. Pour contrer la critique tout en satisfaisant le lecteur désireux d’en savoir davantage sur l’inspirateur du Nouveau Roman, je procèderai en deux temps. Je me soumettrai d’abord au formalisme ambiant pour dessiner les contours d’une œuvre aujourd’hui oubliée. Le subversif a lui aussi besoin d’un éloge appuyé. Je m’engagerai enfin dans une audacieuse entreprise d’exhumation, en déterrant un style enfoui sous la médiocrité d’une littérature devenue simple objet de consommation.

Découvrir les créations d’Alain Robbe-Grillet, c’est pénétrer dans un univers qu’il faut savoir appréhender. C’est accepter d’oublier les prérequis subrepticement imposés par la doxa des mots. C’est tenter d’abandonner les jugements de valeur hérités d’un conditionnement qui rend toute contestation des formes jusque-là établies résolument absurde. Si le sujet de ce papier a toujours refusé de considérer le Nouveau Roman comme une école de pensée ou une théorie réifiée, il n’a jamais caché vouloir établir des « formes romanesques, capables d’exprimer de nouvelles relations entre l’homme et le monde ». L’œuvre est première pour ARG, « seule expression possible [du] projet » de l’auteur. J’ajouterai que le Nouveau Roman est comme une destruction travaillée, une abolition anticipée, un soulèvement dûment réfléchi. Robbe-Grillet a contesté pour bâtir la littérature de son époque et mis en perspective –au travers d’une série d’articles publiés entre 1953 et 1963- ses assauts contre les gardiens d’un temple stylistique à dépoussiérer d’urgence. Cette ambitieuse entreprise de renouvellement initiée dans les années 1950 a donné corps à un courant méconnu, balayé par la soif «d’histoires bien ficelées ». Le Nouveau Roman est comme une mine de diamants laissés bruts à dessein. Dans cette métaphore, Zola, Gide ou La Fayette ne seraient que de vulgaires joailliers destinés à magnifier un trésor utilisé comme simple moyen. Les bijoux de la plume révolutionnaire ne sont pas plus travaillés que les matières premières émergeant des entrailles de la terre. Ils sont pour eux-mêmes avant d’avoir à servir à quelque chose. Le mot doit cesser d’être ce « piège où l’écrivain enfermerait l’univers pour le livrer à la société ».

Alain Robbe Grillet parmi les auteurs du Nouveau Roman

ARG libère par l’enfermement. Bien qu’enserrés dans le boulevard circulaire de la ville fictive des Gommes ou murés dans la cité fantôme du roman éponyme, nous prenons conscience d’une réalité : les carcans d’hier emprisonnent davantage que les subtils stratagèmes du Nouveau Roman.

J’ai souvent cherché à expliquer, à combler les interrogations d’un lecteur conditionné par l’épure formelle dont il est résolument esclave. J’ai fini par comprendre qu’on ne peut juger le Nouveau Roman à l’aune de préconçus balayés par ce courant littéraire tout à la fois rafraichissant et déstabilisant. Prenez Topologie d’une cité fantôme et vous comprendrez ce que voyager sans boussole veut dire. Nul ne peut faire le procès de Robbe-Grillet avec les concepts qu’il prétend abolir. Les codes inhérents au canevas balzacien ne sont pas des dispositions suprêmes gardées par l’autorité morale qu’incarnerait l’Académie. Un fervent républicain peut-il voir son opinion légalement acceptée dans une monarchie de droit divin ? Le crime de lèse-majesté serait pour l’expression de sa pensée une disposition castratrice, obligeant de facto l’individu à sortir du cadre institutionnel pour laisser le lecteur apprécier ses propositions. Il en est de même pour Alain Robbe-Grillet, constamment attaqué par les cerbères de la vieille Académie. Le Nouveau Roman se goûte comme un met venu d’ailleurs, inconnu de notre palais trop longtemps parasité par une forme d’assuétude. Sa critique est une analyse débarrassée des a priori forgés par cette habitude érigée en maître intouchable. ARG construit la discontinuité comme le Nouveau Roman fomente les assauts d’une plume soucieuse de réorganiser l’écrit. Topologie d’une cité fantôme demeure à mes yeux la quintessence du tsunami créatif déferlant sur ce qu’il nomme les « vieux mythes de la ’’profondeur’’ ». Tous les repères chers au lecteur sont dynamités pour laisser place à l’œuvre brute, sans signification ostentatoire ni délimitation palpable. L’analyse de Sylviane Schwer est à cet égard tout à fait passionnante. Pour la mathématicienne, spécialiste de la représentation et du traitement du temps linguistique, « [il y a dans cette œuvre] une recherche systématique d’abolition de toute causalité par le moyen le plus immédiat, l’abolition de toute temporalité, en tant que structure ordonnée. Ce qui donne une impression d’indescriptible chaos ».

 

Alain Robbe Grillet jeuneL’hommage posthume est une forme d’accaparement. Les projecteurs sont braqués sur les soubresauts d’un vécu que la caste médiatique se plait à dépecer pour en extraire le suc. Robbe-Grillet mort, est-ce bien là l’intérêt d’un tel article ? Non. Jamais l’ancien académicien n’aurait toléré que l’on réduise le corpus né de sa plume à un parcours de vie. « L’artiste ne met rien au-dessus de son travail, et il s’aperçoit vite qu’il ne peut créer que pour rien », rappelle-t-il dans l’un de ses écrits. L’œuvre est semblable au corps vivant. Présente. Concrète. Palpable. Balayons la causalité, abandonnons les interrogations scientifiques et terrassons la logique pour pénétrer dans sa cité fantôme. Détruisons « l’univers des significations » pour voir dans les gestes et objets des réalités pures. Songeons aux Gommes et à l’étrange évocation de cet outil érigé en sujet. Cet infime élément n’est plus une vulgaire matière mentionnée pour exécuter la besogne d’un personnage. Elle est, par elle-même et pour elle-même. De l’aveu même de Robbe-Grillet, les « choses […] n’accepteront la tyrannie des significations qu’en apparence ». Si les objets contenus dans les cahiers de l’auteur sont en eux-mêmes une revanche sur l’homme élevé au rang de grand ordonnateur, donnons une place prépondérante aux œuvres du Nouveau Roman. Piochons dans les vieilles étagères ces bijoux bruts et durs et (re)découvrons cette littérature encore injustement décriée. L’œuvre d’art n’est en rien le laquais d’une idée ou d’un homme. C’est une réalité. Un fait. Un phare admiré pour sa forme.

 

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« Une vie pour une autre » est l’un des derniers romans de notre camarade Florence Levet. Cette ancienne du Lycée Gay-Lussac est juriste de formation. Mère de famille nombreuse, elle a su partager son goût du droit et des langues étrangères avec bon nombre d’étudiants. En marge de sa vie professionnelle, et maintenant à la retraite, elle a toujours consacré son temps libre à l’écriture.

 

Une vie pour une autre« Je n’ai pas de famille… Et la seule femme que j’ai aimée est morte depuis longtemps. Je m’appelle Simon Lafontaine, j’ai trente ans, je suis chauffeur routier dans l’entreprise Lavialle à Montpellier, enfin je l’étais… Je l’étais jusqu’à ce que je tombe sur une vilaine affaire et, maintenant, il ne me reste plus qu’à choisir entre me laisser tuer ou disparaître définitivement. » Ainsi pourrait se résumer la situation où se trouve Simon lorsqu’il reprend conscience dans une chambre de l’hôpital de Cahors. Jouer les amnésiques et laisser les autres régler son sort ne peut représenter qu’une issue provisoire. Mais que faire et où se réfugier quand on a tout perdu, y compris son identité ? Et si la solution était de se glisser dans la peau d’un autre ?

Une vie pour une autre – Florence Levet – Editeur : Nombre 7 – Février 2018
Livre broché – Format : 21×14,8 cm – ISBN : 2368320296 – 17 €

 

Florence LevetJuriste de formation, universitaire et mère de famille nombreuse, Florence Levet consacre ses loisirs à l’écriture et à la musique. « Une vie pour une Autre » a obtenu le premier prix au Salon des Pages Libres du Limousin en 2014. Elle est engagée dans l’association des Anciens de Gay-Lu, en tant que membre du Comité.
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Sortant de son Limousin natal, Baptiste part à la découverte d’un monde nouveau, un roman signé de notre camarade Jean-Baptiste Renondin, ancien du Lycée Gay-Lussac.

 

Baptiste : un roman inspiré

BaptisteCe nouveau roman de Jean-Baptiste Renondin tient du voyage initiatique. Voyage d’un jeune étudiant français dans les années 1950, un peu comme celui de Bardamu, entre les deux guerres, du Voyage au bout de la nuit de Céline. Lire la suite

Retour sur la Rencontre de Gay-Lussac avec Pierre Bergounioux, le 4 mai 2017 au Lycée.

Photo souvenir des rencontres de Gay-Lu

Pierre Bergounioux entouré de Laurent Bourdelas, Jean-Pierre Levet et Pierre Laumond

L’assistance était plutôt nombreuse pour la venue de Pierre Bergounioux au lycée, exactement 50 ans après qu’il y soit passé en hypokhâgne, pour préparer le concours de l’E.N.S. où il obtint son agrégation. Il y retrouva notamment son ami Pierre Laumond, avec qui il fit une partie de ses études et qui, lui-même, enseigna au lycée en classe prépa littéraire où j’eus la chance de l’avoir comme professeur de lettres modernes.

L’émotion de l’écrivain était donc grande.

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