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Notre camarade Pierre Bergounioux remonte le temps avec « Le Bois du Chapitre »… Le monument de la Grande Guerre à Brive, et les livres conduiront l’enfant puis, plus tard, l’auteur, à se représenter ce qui s’est produit : un épisode du massacre à Verdun devant lequel « on ne peut que se taire et se retirer »..

Le mot de l’éditeur

Le titre, amphibologique, dit tout. Précisons cependant que la scène a lieu, d’abord, dans les années soixante, à Brive-la-Gaillarde, devant le monument aux morts élevé, place Thiers, à la mémoire des soldats tombés pour la Patrie durant la Première Guerre mondiale. C’est là que se tiennent les cérémonies auxquelles l’enfant assiste, sans réaliser « ce qu’ils furent », tandis que les héros, un à un, disparaissent. Le même, jeune lecteur, ouvre pourtant à la bibliothèque municipale de l’endroit les livres sur l’époque afin d’en apprendre davantage sur les circonstances et les modalités du désastre, de trouver des explications sur ce qui a eu lieu, la présence des estropiés dont le nombre impressionne, la vue fait peur. Mais c’est l’incompréhension qui s’impose. Manquent aux livres noyés de gris « le relief, les détails, les finesses ». Et puis l’enfant, tout au présent, est trop jeune quand s’interpose aussi, pour que la réalité se dresse enfin devant soi, l’échelle réduite des reproductions qui est censée la représenter mais, en partie, la trahit.

Puis la scène se déplace, des années plus tard, à Verdun, toponyme qui, à sa façon lui aussi jusqu’à aujourd’hui, dit tout, des autres lieux qu’à soi seul il condense, de l’épouvante et du sacrifice des jeunes soldats ; Verdun où l’auteur s’est un jour rendu, comme pour constater, vérifier, in situ, pour établir enfin le rapport. Quand un temps persistent encore une approximative représentation du théâtre des opérations, la confusion, l’indistinction de l’enfance, soudain la géographie réelle dissipe tout des premières impressions, des lectures. Si bien qu’on n’en revient pas. « Quelques centaines de mètres carrés ont reçu des millions d’obus ». Et, si l’horreur est encore tapie sous l’apparence des choses, c’est pourtant « l’absence pure et simple qui témoigne du passé, de sa persistante présence ». La nature, le silence semblent avoir jeté sur les lieux un voile d’oubli. Quand, à la toute fin, « un large morceau de drap noirci » bosselle la terre, l’auteur comprend qu’il est de trop, qu’il est temps de clore son métonymique Bois du Chapitre.

« Une dernière chose. Quand le monde, avec nous, commence, qu’on est momentanément, miséricordieusement, sans passé ni avenir, qu’on vit au présent, comment imaginer que tout n’a pas toujours été dans l’état où nous le trouvons, merveilleux, déchirant, nécessaire, injuste, parfait. Et lorsque l’heure a fini par venir où j’aurais pu lever la tête, demander à grand-père, à l’oncle, ou même, avec respect, infini ménagement, aux pauvres monstres, aux gueules cassées, aux ægipans, ils avaient disparu de la lumière tiède, changeante, où nous passons. » Pierre Bergounioux

« Le Bois du Chapitre : Verdun 14-18 » de Pierre Bergounioux. Paru aux éditions Fario, collection Theodore Balmoral – Février 2023. Format : 11,5 x 18,5cm, 32 pages – ISBN : 1091902925 – Prix : 11 €

L’auteur

Pierre Bergounioux est originaire de Brive. Ecrivain français de renom, ancien du Lycée Gay-Lussac de Limoges, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes, à l’occasion critique littéraire, il est aussi sculpteur, professeur de lettres et militant de gauche.

Après avoir passé l’essentiel de sa carrière en collège, Pierre Bergounioux dispense depuis 2007 des cours sur l’histoire de la création littéraire aux Beaux-Arts de Paris.

Notons l’édition des Cahiers de Lherne qui lui est dédié.

Les Anciens de Gay-Lu avaient eu l’occasion d’accueillir Pierre Bergounioux lors d’une des Rencontres de Gay-Lussac organisées par Laurent Bourdelas en 2017.

Notre camarade Pierre Bergounioux présente ici un texte haletant, reflet de la philosophie de la guerre et du temps, par le prisme de cet instrument stratégique que représentait le Boeing B-17 dans l’histoire.

Le mot de l’éditeur

Pour les Anciens, déjà, la guerre était mère de toutes choses. C’est pour exterminer qu’on innove, qu’on passe du silex au bronze puis au fer, de l’arc à l’arquebuse. Ça a pris des millénaires. Les forgerons oublièrent qu’ils avaient succédé aux tailleurs de pierre. L’espèce découvre tard qu’elle a une histoire et c’est tout récemment que ceux qui la font savent qu’ils l’accomplissent. Il a fallu, pour cela, que le devenir précipite son rythme, que des changements significatifs apparaissent dans l’étroite frange que forment, entre le peuple innombrable des morts et celui, futur, qui attend son heure, dans les limbes, les trois générations de vivants.

Pierre Bergounioux présente ce texte haletant, philosophie de la guerre et du temps, par ces quelques mots :

« Universellement connu sous l’appellation de Forteresse volante, le Boeing B-17 fut l’instrument principal des bombardements stratégiques qui ruinèrent l’Allemagne. Il emportait dix hommes sur des distances supérieures à trois mille kilomètres, dans l’hiver inexploré des hautes altitudes battues par le feu ennemi. Leur aventure collective n’a pas été contée. Ses possibles interprètes n’y ont pas survécu. A partir d’une image de B-17 en perdition, on a épilogué sur les chances du récit, la liaison toujours incertaine entre l’événement et sa relation. »

« B-17 g » de Pierre Bergounioux. Paru aux éditions Fata Morgana – Février 2023. Livre broché, Format : 14 x 22 cm, 64 pages – ISBN :
2377921256 – Prix : 14 €

L’auteur

Pierre Bergounioux est originaire de Brive. Ecrivain français, ancien du Lycée Gay-Lusasc de Limoges, et ancien élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé de lettres modernes, à l’occasion critique littéraire, il est aussi sculpteur, professeur de lettres et militant de gauche.

Après avoir passé l’essentiel de sa carrière en collège, Pierre Bergounioux dispense depuis 2007 des cours sur l’histoire de la création littéraire aux Beaux-Arts de Paris.

Les Anciens de Gay-Lu avaient eu l’occasion d’accueillir Pierre Bergounioux lors d’une des Rencontres de Gay-Lussac organisées par Laurent Bourdelas en 2017.

Publié par Geste Editions, cet ouvrage, signé Michel C. Kiener (ancien du Lycée Gay-Lussac) et Valérie Mazet , retrace l’histoire des soldats du 12e corps d’armée de Limoges durant la Première guerre mondiale. L’histoire vraie des soldats du Limousin, retracée à partir de centaines de documents inédits.

Nous étions des hommes malgré la guerreLe pari : prendre à bras le corps la guerre vécue par les régiments des cinq départements de la 12e Région militaire. À l’arrière, des femmes rongées d’angoisse ; sur le front, des hommes lancés année après année dans des offensives meurtrières menées chaque fois « coûte que coûte ». La tragédie de l’été 1914, le Verdun et la campagne d’Italie du 12e Corps, les mutineries de 1917, le monde des officiers, le sort des morts et des blessés, Reims et la Champagne…, autant de volets d’une histoire à rebondissements – la leur – qui tient le lecteur en haleine jusqu’à l’issue finale.

Face à face, la richesse des archives militaires de Vincennes, et des dizaines de correspondances et de carnets de guerre inédits, jusqu’à ceux si précieux de « très-humbles » presque illettrés. Voici la vie, les combats, les souffrances, la révolte, voici la Grande Guerre de ces hommes qui ne voulaient pas la faire.

« Nous étions des hommes malgré la guerre 1914-1919 » – Geste Editions
336 pages, 19,3 x 26cm relié – ISBN 978-2-37109-066-8 – 25 €

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Michel C. Kiener est membre des Anciens du Lycée Gay-Lussac. Il fait partie des contributeurs au Mag de l’association.